Le prétexte à cette présentation bâloise est la riche collection de la marchande allemande Ingvild Goetz. Constitué dans les années 1990, l’ensemble recèle quelques pépites, mais rien qui justifie cette exposition.
« Arte Povera. Une révolution artistique » ne révolutionnera donc pas le genre. Cependant, le début du parcours sied particulièrement aux salles austères de l’institution suisse, car il illustre à la perfection la rupture esthétique de l’Arte Povera.
Dans ce cadre moderniste rigide, l’accrochage hirsute et chargé rappelle « Quand les attitudes deviennent formes » d’Harald Szeemann, opus révolutionnaire de 1969 qui consacra l’Arte Povera à l’international. Ici se côtoient entre autres un tableau-miroir de Pistoletto, une bobine lumineuse d’Emilio Prini, une torsion de Giovanni Anselmo, une mitraillette de Pino Pascali. Les œuvres s’entrechoquent, et leur vitalisme détonne dans un espace aussi rigoriste, projetant sans peine la stupéfaction qu’elles devaient déclencher à l’époque.
La suite de la visite est plus calme, davantage figée, même si la qualité de certaines sculptures est indéniable. L’essentiel des pièces ayant été acheté tardivement entre 1991 et 1993, il
est surtout frappant de voir combien d’œuvres remarquables étaient encore en circulation, combien le marché était inexistant alors pour ce mouvement. Aujourd’hui, on n’en finit plus de redécouvrir la force de l’Arte Povera, inspirateur de jeunes artistes. L’exposition permet de réviser ses bases sans bousculer l’histoire, rien à voir avec l’entreprise historiographique récente opérée en Italie. À Bâle, on ne fait pas la révolution.
Kunstmuseum Basel, St Alban-Graben 16, Bâle (Suisse), www.kunstmuseumbasel.ch
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Une expo « povera »
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : Une expo « povera »
