Lyon (69)

L’actualité de Soulages

Musée des beaux-arts - Jusqu’au 28 janvier 2013

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 9 novembre 2012 - 434 mots

« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. » Cette phrase de Pierre Soulages relèverait du seul bon sens si la peinture de celui-ci ne supposait pas l’aide active du spectateur.

Nul besoin de machinerie complexe ni d’électricité pour « donner vie » à une peinture de Soulages, la lumière suffit. Ce que propose en effet le peintre né la veille de Noël en 1919 à Rodez, c’est de vivre l’expérience la plus élémentaire qui soit en art : la rencontre fortuite de la lumière et d’une surface (apparemment) plane.
Sur ses grandes toiles recouvertes de peinture noire – depuis peu de la peinture acrylique –, la lumière accroche ou glisse, c’est selon. C’est selon la volonté du peintre de creuser ici la matière à l’aide d’une baguette, ailleurs de la griffer avec un peigne, voire de racler la couche picturale pour mieux révéler la surface blanche de la toile... Le noir apparaît tantôt mat, tantôt brillant, en couche épaisse, parfois fluide. Au spectateur de ne pas rester statique devant ces « outrenoirs », mais de se déplacer, de tourner « autour » du tableau comme il se doit de le faire autour d’une sculpture.

C’est à ce rendez-vous avec la peinture que le musée lyonnais convie ses visiteurs. Le parcours commence par un long couloir faussement plongé dans l’obscurité – le mur opposé aux peintures sert en réalité de réflecteur de lumière –, sorte de sas de nettoyage visuel dans lequel quatre toiles encore « fraîches » – la dernière date du 17 juillet – parviennent, comme par miracle, à exister. Cette mise en scène avait été expérimentée lors de la rétrospective de Beaubourg en 2009, puis reprise à Mexico, à Berlin et, désormais, à Lyon.

Les œuvres s’enchaînent ensuite dans une scénographie, signée Philippe Maffre, où rien n’est laissé au hasard, ni les lumières bien sûr, ni même les murs faussement blancs. Ces derniers sont en effet enrichi de quelques grammes imperceptibles de noir afin d’atténuer le contraste entre l’œuvre et la paroi murale et permettre ainsi à l’œil de mieux rentrer dans la matière picturale de l’œuvre.

La visite se poursuit au sein de la collection permanente du musée où sont exposées les sept toiles que le peintre avait montrées à la Biennale de Lyon en 1991, puis par l’accrochage des trois œuvres acquises par le musée en 2011. Ces dernières sont datées de 1947, de 1967 et de 2009, et montrent que les questions soulevées par Soulages sont, au XXIe siècle, toujours d’actualité.

Voir « Soulages, XXIe siècle »

Musée des beaux-arts de Lyon, 20, place des Terreaux, Lyon (69), www.mba-lyon.fr

Voir la fiche de l'exposition : Soulages, XXIe siècle

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : L’actualité de Soulages

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