Lille3000 - Générateur d’art et… d’ambiance

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 14 septembre 2012 - 1077 mots

Depuis qu’elle a été capitale européenne de la culture en 2004, Lille et sa métropole ont instauré un rendez-vous qui ne se veut ni festival ni biennale : lille3000. Après l’Inde
en 2006, l’Europe XXL en 2010, le voyage continue en terres… « Fantastic ».

Soucoupe volante du designer Ross Lovegrove planant dans le hall de la gare de Lille-Flandres, ou nuage de brume mouvant de la sculptrice Fujiko Nakaya et géant à tignasse rouge de l’artiste Nick Cave pour accueillir les passagers de la gare de Lille-Europe : dès l’arrivée en train dans la capitale du Nord, le ton de « lille3000 Fantastic » est donné. Reste à choisir sa gare d’entrée pour ces rencontres improbables : Lille-Flandres ou Lille-Europe, signée Jean-Marie Duthilleul et mise en service en 1994 en regard du quartier d’affaires Euralille conçu par Rem Koolhaas. De l’une à l’autre, le cadre et l’atmosphère diffèrent. Il n’y a pourtant qu’une immense esplanade qui les sépare, trait d’union des métamorphoses urbaines de la ville.

Le choc des cultures

Descendre la rue Faidherbe depuis la gare de Lille-Flandres, avec en perspective la place du Théâtre aux somptueux bâtiments, entraîne durant ce deuxième semestre 2012 dans d’autres univers où le fantasmagorique, le féerique et l’étrange surprennent, déroutent ou émerveillent. Surtout au crépuscule, quand les grandes arcades de lumière imaginées tout le long de ce parcours par l’auteur de B.D. François Schuiten et le designer lumière Nicolas Genco transforment l’une des principales artères commerçantes du centre de Lille en une rambla colorée.

À l’autre bout de la rue, place du Théâtre, à la Vieille Bourse, d’autres lumières se révèlent sous l’inspiration de l’artiste allemande Meggie Schneider, livrant divers visages et silhouettes fantomatiques aux fenêtres de ce sublime édifice ouvragé, construit pour abriter au XVIIe siècle commerçants et financiers de la cité. « Lille, c’est une ambiance », souligne Didier Fusillier, directeur de lille3000 et investigateur, depuis Lille 2004 capitale européenne de la culture, de ces grandes sagas culturelles et événementielles de l’agglomération lilloise qui rassemblent et prônent « la rencontre de la culture noble et de la culture populaire ». De thème en thème, la manifestation mobilise et enchante. Cette année, soixante-dix-sept communes sur les quatre-vingt-quatre que compte la métropole sont partenaires de l’édition, contre dix-huit en 2004.

De la grande parade du 6 octobre jusqu’au 13 janvier 2013, « Fantastic » nous invite donc à nous immiscer dans les mutations surnaturelles et les sollicitations culturelles d’une ville et de sa métropole. En commençant par le Vieux-Lille, dont la place du Théâtre et la Grand-Place projettent le visiteur dans un exubérant décor de brique et de pierre d’inspiration flamande des XVIIe et XVIIIe siècles, préambule des joyaux architecturaux que les rues pavées de la vieille ville recèlent. De la rue Esquermoise à la rue au Péterinck, en passant par la rue de Weppes, le trajet dévoile quelques merveilles discrètes – dont la cathédrale Notre-Dame de la Treille – et plonge le promeneur dans un calme tranchant avec l’agitation des rues commerçantes comme la rue de la Monnaie, où s’étire l’hospice Comtesse fondé au XIIIe siècle par Jeanne de Flandre, merveille d’architecture à l’intérieur de laquelle le bestiaire de l’artiste Huang Yong Ping a trouvé refuge le temps des festivités de lille3000.

Revitaliser des quartiers
À l’arrière de l’hospice, Jean-François Fourtou propose de pénétrer dans une maison flamande grandeur nature posée sur le toit. À quelques pas de là, rue du Pont-Neuf, dans l’église Sainte-Marie-Madeleine, face à l’œuvre pérenne de Subodh Gupta – déferlante de vaisselle surgissant en cascade des arches de l’église en mémoire des victimes du tsunami du 26 décembre 2004 –, la sphère organique de Daan Roosegaarde interagit avec le visiteur qui s’en approche.
Ailleurs, d’autres métamorphoses, installations, expositions, concerts et spectacles déclinent ce thème du fantastique. Notamment à la gare Saint-Sauveur et dans les différentes maisons Folie des quartiers de la ville, aménagées dans des usines désaffectées. Telle la maison Folie du quartier populaire de Wazemmes.
Dans le cadre de cette troisième édition de lille3000, la création des pop-up, comme à la porte de Roubaix, engage dans d’autres propositions. Ils s’inscrivent dans la même logique que les maisons Folie imaginées dès 2004 par Didier Fusillier et soutenues par les élus : redonner une nouvelle vie, même brève, à des lieux en déshérence. Sait-on ce qui pourra en naître ensuite ? Les bals à la salle des fêtes du quartier de Fives ne sont-ils pas devenus des rendez-vous incontournables ? Il est vrai qu’à Lille, le goût de la fête est un bien que chacun s’emploie à partager.

Le Palais des beaux-arts
Lustre de Gaetano Pesce à l’accueil du bâtiment néoclassique et collections permanentes dans les étages comptant parmi les plus prestigieuses de l’Hexagone : le Palais des beaux-arts est une invitation que, régulièrement, des expositions temporaires prolongent. Dans le cadre de lille3000 et jusqu’au 14 janvier 2013, deux expositions, « Babel » et « Fables du paysage flamand au XVIe siècle », entraînent dans la puissance des images de maîtres de renom et d’artistes moins connus [lire aussi p. 56]. www.pba-lille.fr

La maison Folie de Wazemmes
Réhabilitée en vue de Lille capitale culturelle européenne en 2004, l’ancienne usine textile Leclercq est désormais un lieu ouvert aux expositions, concerts, festivals, spectacles, débats, brocantes. Situé à deux pas du marché très populaire de Wazemmes et de ses bistrots avenants, cet espace propose du 6 octobre au 13 janvier 2013 l’exposition « Quand la science rencontre la fiction », une immersion dans les différents univers de la science-fiction. http://mfwazemmes.mairie-Lille.fr

Le Tri postal
Situé entre les gares de Lille-Flandres et de Lille-Europe, l’ancien bâtiment industriel de tri du courrier, réhabilité pour Lille 2004 capitale européenne de la culture, est un espace désormais dédié aux créations et aux expositions contemporaines. C’est ici que les collections Pinault et Saatchi furent présentées. Pour l’exposition « Phantasia », Apichatpong Weerasethakul, Folkert de Jong et Marnie Weber, pour ne citer qu’eux, ont conçu des mondes fictifs et troublants. www.mairie-lille.fr/fr/Culture/tri-postal

La gare Saint-Sauveur
L’ancienne gare de fret réhabilitée par la ville en 2009, à l’occasion de « lille3000 Europe XXL », accueille régulièrement des expositions d’art contemporain, des concerts, des ateliers et des séances de cinéma. Un restaurant a aussi été aménagé. Pour l’édition 2012, « Fantastic attractions » rend hommage aux fêtes foraines. Les cinq chambres de l’Hôtel Europa, installées dans la halle B et aux décors régulièrement revus par des artistes, sont de leur côté à louer gratuitement pour une heure. www.lille3000.eu/gare-saint-sauveur

« Fantastic 2012 »

Du 6 octobre au 13 janvier 2013. www.lille3000.com


Musées : le quatuor de la métropole lilloise
La Piscine de Roubaix, Le Fresnoy (Studio national des arts contemporains), le MUba Eugène-Leroy (ex-Musée des beaux-arts de Tourcoing) et le LaM (Lille Art Museum) de Villeneuve-d’Ascq forment un quatuor de référence par leurs collections, leur bâtiment et l’énergie créative, audacieuse, qui s’en dégage. Aux abords de Lille, chaque institution déploie à l’année ses différences et expositions temporaires qui tissent une trame attractive. Dans le cadre de « lille3000 Fantastic », ne pas manquer ainsi « La Ville magique » au LaM, « Marc Chagall, l’épaisseur des rêves » à La Piscine, « Atlas, suite. Une histoire de fantômes pour adultes » au Fresnoy et, au MUba Eugène-Leroy, les constructions miniatures ou réalités alternatives signées d’artistes contemporains et issues de la collection du MAD Museum de New York.


Bon plan
Le pass journée à 7,10 € donne accès gratuitement à tous les transports du réseau (métro, tramway, bus) et à différentes institutions (le Tri postal, l’hospice Comtesse, Le Fresnoy, le MUba et le PBA). Tarif réduit notamment au LaM et pour différents spectacles.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Lille3000 - Générateur d’art et… d’ambiance

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