La tête dans les images

Sous le parrainage de JR et de René Burri, une soixantaine d’artistes a œuvré dans la ville à changer son décor. Résolument photosensible, l’événement s’est installé dans l’agenda de fin d’été comme un laboratoire de photo augmentée.

Pour se hisser dans le paysage européen, le directeur a mis sur pied une méthode inhabituelle. Où, qui, quand, quoi, comment ? Stefano Stoll a pensé des projets clés en main. Les artistes n’ont plus eu qu’à répondre présent. Avec une telle audace, il a pu rassembler pour un budget modeste des tirages monumentaux inédits : entre autres, un Cindy Sherman de 500 m2 (Untitled Film Still #21, 1978) sur une façade de la place de la gare et une dizaine d’images de la série de performances Hiding in the City de Liu Bolin sont immanquables. Les plus surprenantes propositions en extérieur renoncent néanmoins à cette frontalité. Ainsi des ingénieux trompe-l’œil de Noémie Goudal ou de la mue architecturale imposée par Jeanne Susplugas et Alain Declercq au théâtre de Vevey. Parée de détails photographiques prélevés sur des châteaux français, la structure en verre du bâtiment disparaît dans la vieille ville.

Stefano Stoll et son équipe souhaitent asseoir leur marque dans la rue, mais n’ont pas pour autant délaissé l’intérieur. Près de 5 000 m2 en friche d’un ancien centre commercial ont été mis à la disposition des artistes. Aux côtés des œuvres connues d’Andres Serrano, de Christian Marclay ou de Roman Signer, le duo Ackroyd & Harvey montre d’étonnantes pièces obtenues par photosynthèse de gazon. Dans le hall de l’ex-EPA, les maquettes de Cyril Hatt assemblées à partir de centaines d’images font un clin d’œil ironique et low tech à la mode 3D. C’est d’ailleurs l’une des réussites du festival : révéler de nouvelles matières photographiques sans devoir en passer par le poncif des nouvelles technologies.