À la table des rois de France

Le programme est donc copieux, mais la présentation claire et vivante se révèle fort appétissante. Livres de cuisine – dont le surprenant traité de recettes de confitures du célèbre astrologue Nostradamus –, représentations de scènes de cuisine et de festins, ainsi que de nombreux objets d’art offrent un riche panorama de ce sujet passionnant, qui permet d’entrer dans l’intimité de la cour.

Le parcours chronologique et thématique aborde de nombreuses questions : l’évolution du goût, avec l’introduction de nouveaux aliments comme l’artichaut importé d’Italie par Catherine de Médicis et la dinde découverte en Amérique, mais aussi la diversification des formes des ustensiles de cuisine et de la vaisselle, et surtout la profonde transformation des manières de table. En effet, si les mets restent sensiblement les mêmes qu’au Moyen Âge, avec une dominante de saveurs épicées et de mélanges sucrés-salés, les manières et l’ordonnancement de la table aristocratique évoluent considérablement. Un des changements les plus significatifs est l’essor de la vaisselle de dignité, des objets luxueux servant à signifier le prestige d’un convive. Emblématique de cette pratique, la nef de table, petit coffre en forme de navire renfermant le nécessaire d’un invité, fait à partir du XVIe siècle l’objet d’un traitement extrêmement raffiné, comme l’illustre une superbe nef inédite, en coquillage et en vermeil.

Outre cette pièce spectaculaire, l’exposition présente une kyrielle de précieux objets d’art, mais aussi des accessoires plus personnels, à l’image de ces insolites cure-dents en or que certaines courtisanes portaient en guise de pendentifs. Ponctué de restitutions – cuisine, table princière et vaisselle d’apparat sur son dressoir – le parcours, didactique et agréable, permet également de comprendre la portée politique de la théâtralisation progressive du repas du souverain.