Daniel Percheron - « Être la région des musées »

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 12 septembre 2012 - 526 mots

Daniel Percheron est président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais depuis 2001. Il est également membre de la commission culture, éducation et communication du Sénat.

Christine Coste : Pourquoi la Région continue-t-elle de miser en 2012 sur la culture ?
Daniel Percheron
  : Dans une région qui perd son sang, qui sait que l’hémorragie des emplois de la révolution industrielle sera longue et douloureuse, se tourner vers la culture signifie créer une économie résidentielle. Quand nous avons l’ambition d’être la région des musées, quand nous osons revendiquer le classement des derniers chevalements de fosse au patrimoine de l’humanité, et lorsque nous proposons un carreau de mine au plus grand musée du monde [le Louvre à Lens, ndlr], nous nous engageons dans cette voie de développement et de redéploiement économiques qui vise à la fois à attirer un pouvoir d’achat venant de l’extérieur et à solliciter celui de locaux tentés jusque-là de dépenser ailleurs.

C.C. : Quel est le retour sur investissement escompté pour la région ?
D.P.
  : Si vous prenez Lens, c’est l’arrondissement qui produit avec Longwy le moins de richesse en économie de marché : 1 000 euros par an et par habitant. Nous attendons du Louvre-Lens qu’il réenchante donc ce territoire de 520 000 habitants. Il est une greffe destinée à modifier le programme génétique de la région. Avec 700 000 visiteurs attendus par an, nous pensons pouvoir augmenter de 10 % la richesse que produiront les métiers du tourisme dans cet arrondissement. C’est à partir des friches, des usines abandonnées que nous essayons de régénérer urbanistiquement, socialement, économiquement notre territoire. Le Louvre-Lens doit ainsi entraîner vers d’autres musées. La région des musées ne peut exister que parce que le plus grand musée du monde s’installe chez nous.

C.C. : Les partenariats passés par le conseil régional avec l’Institut du monde arabe à Tourcoing, Versailles à Arras et le Louvre à Lens visent-ils à développer l’économie résidentielle, ce que les musées locaux, malgré leur succès, ne peuvent plus faire à eux seuls ?
D.P.
  : Oui. L’arrondissement qui s’est développé le plus dans le Nord-Pas-de-Calais est celui de Montreuil, parce qu’il y a Le Touquet, des résidences secondaires, du tourisme à l’année. Cet arrondissement reçoit 6 000 euros venus de l’extérieur par an et par habitant, contre 600 pour Lille et 400 pour Lens. Un chiffre qu’il faut comparer, par exemple, aux 1 300 euros de la vallée de la Maurienne.

C.C. : Avec la multiplication de ces partenariats et leur coût, la région a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
D.P.
  : Nicolas Sarkozy a garrotté les régions. Si on nous redonne l’autonomie fiscale, nous irons sans aucun doute très loin. Mais il reste pour l’instant à résoudre la question du rééquilibrage des financements avec la métropole lilloise. Tout l’essor culturel de Lille a été mené à partir d’une participation hors norme de la région. Sur les quinze principales institutions culturelles de Lille et de la métropole, nous sommes à 56 % de présence contre moins de 20 % ailleurs en France. Pierre Mauroy avait accepté une baisse progressive de notre participation afin que nous puissions satisfaire les demandes qui commencent à surgir ailleurs en région. Martine Aubry l’a stoppée.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Daniel Percheron - « Être la région des musées »

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