Art contemporain

Céret (66)

L’œuvre bien vivante d’Antoni Tàpies

Musée d’art moderne - Jusqu’au 14 octobre 2012

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 7 août 2012 - 353 mots

Programmée du vivant de l’artiste, l’exposition s’est transformée en hommage avec la disparition d’Antoni Tàpies (1923-2012) le 6 février.

Plus qu’une simple exposition, « presque une rétrospective », insiste Nathalie Gallissot, nouvelle directrice du Musée, pour qui cet accrochage, qui couvre la période 1945-2008, est une première, ici à Céret. Et presque un baptême du feu, tant il est osé pour qui vient comme elle de Quimper de se confronter d’emblée à la catalanité de Tàpies en plein cœur de cette petite ville de plus de sept mille âmes du Languedoc-Roussillon. Venu (presque) en examinateur pour le vernissage, le président « catalan » de la région s’est d’ailleurs empressé de rassurer la directrice : « Votre examen de passage est ici réussi ! », avant de l’assurer de son soutien [lire p. 12].

« Réussie », il est vrai, cette « presque » rétrospective qui compte plus de quarante peintures et deux sculptures réunies derrière un même thème : celui du corps. En réalité des corps : celui de l’artiste doublement contraint par une santé fragile – une maladie pulmonaire – puis par la dictature de Franco, et cet autre corps, celui de la peinture appliquée comme une peau sur la toile. Mais aussi le corps représenté par fragments : des pieds, des yeux…, et suggéré par les empeintes laissées par le peintre.
L’exposition s’ouvre sur un superbe Autoportrait de 1950 de facture classique, qui rappelle l’exceptionnelle virtuosité de Tàpies. Elle se ferme par cette Tête rouge surpuissante, un crâne de 2008 qui évoquerait la prescience d’un Picasso à la veille de sa mort si l’exposition n’avait démontré tout au long de son parcours la fonction du corps chez Tàpies : dénoncer quand le crâne se fait muet (Tête et vernis, 1990), endurer quand le torse meurtri est recousu de fils de fer (Corps et fils de fer, 1996), mourir quand un amas de terre cuite se fige au sol comme après l’éruption du Vésuve (Corps, 1987). Tàpies est mort, mais son œuvre lui survit.

« Antoni Tàpies, image, corps, pathos »

Musée d’art moderne de Céret, 8, bd Maréchal-Joffre, Céret (66), www.musee-ceret.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : L’œuvre bien vivante d’Antoni Tàpies

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