Versailles (78)

Vasconcelos - Royale et baroque

Château de Versailles - Jusqu’au 30 septembre 2012

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 7 août 2012 - 344 mots

Après Koons, Murakami, Veilhan et Venet, voici donc enfin une femme à Versailles ! En invitant Joana Vasconcelos à occuper le château, Catherine Pégard, la maîtresse des lieux, a choisi de poursuivre la dynamique engagée par Jean-Jacques Aillagon.

On ne peut que s’en réjouir. Disons-le d’emblée, le choix de l’artiste portugaise est pertinent et son œuvre trouve chez le Roi-Soleil l’occasion d’une confrontation heureusement prospective. Ce, pour trois raisons : tout d’abord, parce que, comme le dit elle-même Vasconcelos, son « travail se développe autour de l’idée que le monde est un opéra » ; ensuite, parce que sa démarche procède d’une démesure, sinon d’une outrance qui sied parfaitement à l’endroit ; enfin, parce que son art est fondamentalement festif et qu’il fait justement écho aux débordements intempestifs que le château a connus dans les temps passés.

Si l’on vante la magnificence et la superbe de Versailles, la folle beauté de ses dorures, l’impressionnante mise en abîme de sa galerie des Glaces et la féerie de ses jeux d’eau, on ne dit pas assez combien tout cela n’est que vanité. Versailles n’est autre qu’un somptueux décor, et la façon dont Joana Vasconcelos y intervient paraît vouloir en excéder la mesure. Intitulée Marilyn (PA), l’œuvre monumentale qu’elle a installée dans la galerie des Glaces au motif d’une paire de chaussures à talons hauts, faites de casseroles et de couvercles en acier inoxydable, en est une parfaite illustration. De même, l’œuvre en forme d’hommage à Mary Poppins, en tricot et crochet en laine, qu’elle a placée dans le vide de l’escalier Gabriel.

Ici et là, il y va de cette sorte de démesure joyeuse et délurée, royale et baroque, ludique et fantaisiste, qui n’en recèle pas moins quelque chose de panique, au sens le plus fort du mot. De même que Pascal était effrayé par « le silence éternel de ces espaces infinis », il semble bien que le vide préoccupe au plus haut point Joana Vasconcelos et qu’elle cherche non à le combler mais à l’occuper.

« Joana Vasconcelos Versailles »

Château de Versailles (78), www.chateauversailles.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Vasconcelos - Royale et baroque

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