Strasbourg (67)

Nicolas de Leyde l’autre sculpteur du XVe

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 18 mai 2012 - 398 mots

Il reste un artiste du XVe siècle encore largement méconnu. Pourtant, Nicolas de Leyde (vers 1430-1473) a toute sa place dans l’histoire de l’art de ce Moyen Âge finissant, au même titre que l’un des grands sculpteurs du siècle, le Flamand Claus Sluter (vers 1355-1406).

Quand ce dernier a exercé son talent au service du duc de Bourgogne, brillant mécène de son temps, Nicolas de Leyde aura circulé de chantier en chantier, de Strasbourg à Vienne, où il meurt après avoir arpenté l’Europe centrale. Seules onze années de sa carrière sont documentées, de 1462 à 1473, ce qui rend complexe la connaissance de son œuvre.

Fidèle à ses habitudes, le Musée de l’œuvre Notre-Dame de Strasbourg, qui produit peu d’expositions mais ne se perd jamais en sujets prétextes, livre là une toute première exposition monographique consacrée à Nicolas de Leyde. Car c’est dans cette ville, où il arrive en 1462, attiré par l’ébullition qui règne autour du chantier de la cathédrale, que l’artiste a exercé une grande partie de sa carrière. Plusieurs de ses sculptures y sont toujours conservées. Ainsi de l’épitaphe du chanoine de Bussnang, encore visible dans la cathédrale (1464), ou de cette œuvre emblématique : un buste d’homme méditant accoudé, taillé dans le grès rose, mélancolique à souhait. Cette capacité à retranscrire les anatomies mais aussi à s’émanciper des schémas traditionnels restera l’une des marques de fabrique de l’artiste.
Tout en faisant le point sur les nouvelles attributions proposées depuis une vingtaine d’années – notamment dans le domaine de la sculpture sur bois –, l’exposition est jalonnée de temps forts. Ainsi de la réunion de deux fragments, la Sybille et le Prophète, provenant d’un décor strasbourgeois disparu, celui de la Chancellerie (1463), et aujourd’hui dispersés entre Francfort et Strasbourg.
Certaines pièces monumentales n’ont toutefois pas pu être déplacées, comme le Christ de Baden-Baden (1467), dont un moulage ancien est ici présenté. Il s’agit là d’un manifeste : haute de 6,5 m, taillée dans un unique bloc de pierre, la sculpture présente l’anatomie singulière « d’un d’homme déjà fait dieu » comme le note Roland Recht, l’un des commissaires de cette exposition. La génération suivante des sculpteurs germaniques, celle de Veit Stoss, Michel Erhart ou Tilman Riemenschneider, ne manquera d’en suivre la leçon.

« Nicolas de Leyde, sculpteur du XVe siècle. Un regard moderne », Musée de l’œuvre Notre-Dame, 3, place du Château, Strasbourg (67), www.musees.strasbourg.eu

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Nicolas de Leyde l’autre sculpteur du XVe

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