Wool hits

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 18 mai 2012 - 362 mots

Une trentaine de tableaux de grand format des années 2000 offrant à voir tous les possibles de la peinture abstraite : des taches, des traces, des impressions, des coulures, des entrelacs, la matière à vif et une palette aux tons réduits de noir, de blanc et de marron.

Telle se présente l’exposition que consacre le Musée d’art moderne de la Ville de Paris à l’artiste américain Christopher Wool. À première vue, l’ensemble, quelque peu sec et par trop propre, fait appel à une économie délibérée de moyens, mais plus le regard s’y attarde, plus on mesure que le propos de l’artiste est de composer avec tous les événements et les humeurs de la peinture. Dans une intention avouée que corroborent quelques formules lapidaires telles que « Une peinture d’une peinture reste une peinture », ou bien encore « Plus vous voyez, plus vous voyez ».

Figure incontournable de la scène artistique internationale, Christopher Wool – né à New York en 1955 – procède depuis près de trente ans à une permanente déconstruction de l’image et à sa recomposition en un jeu dialectique qui balance entre « improvisation » et « composition ». Empruntés au texte du catalogue que signe John Corbett, ces deux mots prennent chez l’Américain un sens très précis. Ce sont les mêmes qu’emploie Kandinsky pour titrer deux séries de tableaux précédant l’invention de l’abstraction et la publication de son ouvrage culte, Du spirituel dans l’art, publié en 1912. Mais alors que le Russe met à plat ses réflexions quant à l’instruction d’une nouvelle forme de peinture fondée sur le principe de « nécessité intérieure » faisant de l’artiste un véritable chamane, chez Wool, c’est la nécessité interne à la peinture qu’il travaille.
Le recours à toutes sortes de procédés comme la sérigraphie, la photographie, le tramage, le bombage, etc. – parfois trop marqués d’un relent warholien – permet à l’artiste de prendre ses distances par rapport à l’image peinte, bref de dépersonnaliser l’acte de peindre, l’important à ses yeux étant de faire de la monstration le vecteur même de la création.

« Christopher Wool », Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris-16e, www.mam.paris.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Wool hits

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