Le testament de William Turner

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 26 avril 2012 - 241 mots

Dès l’entrée de l’exposition, la série de portraits au crayon de Lucian Freud, disparu en juillet 2011, capte le regard et donne toute la mesure de son œuvre puissant et réaliste.

Des visages aux corps entiers, le peintre anglais peint chaque modèle comme un monde, avec ses reliefs et ses vibrations, dans des tonalités de bleu, vert et rouge. Il faut du temps pour parcourir ces corps à la présence parfois saisissante comme celui de Leigh Bowery et ces visages expressifs, et en retenir une troublante intimité. Au fil du parcours, à travers une centaine d’œuvres, les reliefs s’accentuent, la lumière vient s’y briser, la matière picturale se fait plus rugueuse. Dans le dernier autoportrait (Self-Portrait, Reflection, 2002), le visage chaotique du peintre se fond dans l’arrière-plan, un mur de l’atelier recouvert de taches de peinture séchée.

Ancré dans le présent, Lucian Freud convoque l’histoire de l’art : la perspective du Christ mort de Mantegna dans son premier nu en pied (Naked Girl, 1966), les corps recroquevillés de Schiele, les nus féminins de Vélasquez à Courbet et la tradition du portrait. Lucian Freud prit part à l’élaboration de cette exposition, initiée en 2006. Sa dernière œuvre (Portrait of the Hound, 2011), inachevée, est un double portrait de David Dawson, son assistant, et du chien Eli avec, selon l’histoire, son dernier coup de pinceau sur l’oreille de l’animal.

« Lucian Freud, portraits »

The National Portrait Gallery, Saint Martin’s Place, Londres (Royaume-Uni), www.npg.org.uk

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Le testament de William Turner

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