Les frères Clark

Leurs collections réconciliées

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 406 mots

Ils étaient deux frères richissimes et collectionneurs d’art. L’un s’appelait Sterling (1877-1956), l’autre Stephen (1882-1960). À eux deux, ils allaient hériter de l’une des plus grosses fortunes des États-Unis, celle d’Edward Clark, cofondateur de la célèbre marque Singer. Passionnés d’art, les deux frères constituèrent chacun de leur côté, et chacun à leur façon, deux des plus importantes collections d’art aux États-Unis, comparables à celles d’Albert Barnes ou de Duncan Phillips.
À une époque où les collectionneurs américains avaient principalement les yeux rivés sur la cote des grands maîtres de la Renaissance, les deux frères Clark s’intéressèrent davantages aux peintres européens et américains du xixe et du début du xxe siècle, ouvrant là une nouvelle ère. Sterling vivait à Paris et adorait les peintres français, notamment les impressionnistes. Stephen vivait à New York où il exerçait des fonctions importantes au sein du comité de direction du MoMA et du Metropolitan Museum.
Ensemble, ils rêvaient de fonder un musée pour abriter leurs œuvres. Mais, en 1923, une dispute financière vint mettre un terme définitif à leur projet et à leur relation. En 1955, de retour aux États-Unis avec sa femme française, Sterling ouvrit un musée (et un centre de formation) pour abriter sa prestigieuse collection, le Sterling and Francine Clark Art Institute.
C’est à l’occasion des cinquante ans de cet établissement que son directeur, Michael Conforti, décide de rendre hommage aux deux philanthropes. Pour la première fois, il réunit une partie des deux collections dans une même exposition. Le résultat est impressionnant et donne un très bon aperçu du prestige de chacune des deux collections. Parmi les soixante-dix œuvres présentées, figurent notamment treize peintures de Renoir (dont Au concert, 1881), quatre de Cézanne, trois de Matisse, et Le Café de nuit (1888) de Van Gogh.
On trouve aussi de nombreuses œuvres de Pissarro, Monet, Remington, Millet, ainsi que de peintres américains tels Eakins, Homer et Sargent, particulièrement affectionnés par Sterling. « Si les deux frères avaient réalisé leur rêve en créant un musée ensemble de leur vivant, celui-ci aurait été l’un des plus grands au monde », explique le directeur, qui s’enorgueillit de recevoir, pour le vernissage, les petites-filles de chacun des deux frères. Elles se rencontreront elles aussi pour la première fois.

« Chefs-d’œuvre des collections de Sterling et Stephen Clark » , Sterling and Francine Clark Art Institute, 225 South Street, Williamstown, MA 01267, USA, tél. 00 1 413 458 2303, www.clarkart.edu, jusqu’au 4 septembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Les frères Clark

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