Le Design

Entre art de vivre et art à vivre

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 352 mots

Quand les salles d’exposition de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux se transforment en pièces à vivre, art et design relativisent la pratique du quotidien.

Le « générique » de « L’art au quotidien » est un rêve. Une dizaine d’artistes contemporains, autant de designers actuels et une vingtaine de références historiques du design, tous rassemblés pour « habiter » l’espace de l’art concret à Mouans-Sartoux.

Domestiquer l’art, de la chambre au salon
Avant d’être sacralisé par les musées et les expositions, l’art, dans un premier temps en tout cas, s’installe souvent dans les intérieurs, joue le rôle de décor, communique avec le mobilier.
C’est bien cette « fonction » qui est rejouée ici, recontextualisée au fil du parcours, de la chambre à coucher à la salle à manger, du séjour à la salle de jeu pour les enfants. Faire dialoguer un tableau en chewing-gum de Dominique Figarella avec un nuancier de Le Corbusier, ou associer une horloge de Max Bill avec Felice Varini, autant d’extrêmes qui donnent des idées.
Au détour des salles, on découvre des objets familiers, appartenant à un inconscient collectif : les couverts d’Arne Jacobsen ou le stylo Parker 51, attribué à Laszlo Moholy-Nagy, et encore un service à thé tout en verre de Wilhelm Wagenfeld.

Les sculptures d’ameublement de John M. Armleder
John M. Armleder a de son côté tout prévu avec ses Furniture sculptures, littéralement « sculpture d’ameublement », juxtaposition d’une toile abstraite et d’un meuble. Impitoyables critiques des notions de style, de décoratif et de bon goût, les articulations de cet artiste suisse poussent dans ses retranchements le dogme « l’art c’est la vie ».
En postulant la banalisation de l’œuvre, il recadre aussi la pratique artistique et son discours. À une époque où le design se pose de plus en plus la question de l’exemplaire unique et flirte du côté de l’art contemporain, où les objets sont idolâtrés, la position artistique d’un Armleder fait presque office de prophétie !
À ceux qui recherchent l’intemporalité, à dépasser les effets de modes, rappelons que les icônes du design sont pour beaucoup devenues anonymes. Une sorte d’avertissement aux vanités actuelles.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Le Design

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque