Photographie

Marilyn toute nue

L’objectif réussi de Bert Stern

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 532 mots

Le musée Maillol dévoile 59 photos du « sitting » de Bert Stern. Un reportage qui est notament entré dans l’histoire en raison de sa publication, par Vogue, le jour où fut annoncé le décès de l’actrice.

Il avait beau être l’un des photographes de mode les plus en vue de l’époque et avoir portraituré les monstres les plus sacrés, il ne l’avait jamais encore photographiée. « En 1962, note Bert Stern dans ses souvenirs, je suis assez sûr de moi et de mon métier de photographe pour me mesurer à Marilyn. Je possède mon art de regarder autant qu’elle possède l’art d’être regardée. »
Comme mû par le pressentiment qu’il ne faut pas tarder, Bert Stern propose la chose à Vogue et fait appeler Marilyn pour obtenir une séance. Il ne se fait pas trop d’illusions car elle n’accepte plus beaucoup de prises de vue depuis quelque temps. La réponse arrive très vite. Marilyn est d’accord. Le photographe est mis au pied du mur.

Seule, la star se livre au photographe durant 12 heures
S’il a en tête l’idée de la faire poser nue, la première chose à régler, c’est de savoir où opérer. La star n’a posé qu’une seule condition : que la séance ait lieu à Los Angeles. Bert exclut la solution d’un studio de prise de vue ; soudain il a une idée lumineuse : il faut que ça se passe dans une chambre d’hôtel ! Le Bel Air, « le plus secret, le plus protégé, le plus ravissant de Los Angeles », s’impose d’évidence. C’est un hôtel de charme : rien ne siéra mieux à Marilyn. Et, de fait, cela lui convient.
Obnubilé par l’idée de la photographier « à l’état pur », Bert Stern réclame à Vogue qu’on lui fournisse une vingtaine de foulards vaporeux et des bijoux. Au Bel Air, une suite a été réservée. Tout est parfait. Le salon est transformé en studio et la chambre en cabine. Marilyn tarde à venir. Elle arrive avec cinq heures de retard. Aussitôt, le courant passe. « C’est une femme normale, dira Bert, pas une de ces vedettes de Hollywood totalement inaccessibles. Une femme en chair et en os qui s’appelle Marilyn. »
La séance dure douze heures, une nuit entière, où Marilyn Monroe se livre complètement, le champagne aidant. Bert a fait un nombre incalculable de photos. Vogue est emballé et décide de faire huit pages mais réclame plus de noir et blanc et des séquences habillées.
Il faut refaire une autre série de photos. Avec toute une équipe, cette fois-ci. La complicité entre la star et le photographe reste totale. Trois jours et trois nuits de prises de vue. Dans une troublante intimité. Bert Stern obtient tout ce qu’il veut.

Autour de l’exposition

Informations pratiques « Marilyn Monroe, La dernière séance » présente 59 tirages photographiques de Bert Stern, du 29 juin au 30 octobre 2006. Ouvert tous les jours sauf le mardi et les jours fériés de 11 h à 18 h. Plein tarif : 8 €. Tarif réduit : 6 €. Gratuit pour les moins de 16 ans. Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris VIIe, tél. 01 42 22 59 58, www.museemaillol.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Marilyn toute nue

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