Chamarande hausse le ton

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 386 mots

Propriété du conseil général de L’Essonne, le domaine a beau avoir changé de direction artistique cet hiver, il conserve néanmoins sa programmation de grandes thématiques estivales. Après le sport et la table, Chamarande se met au diapason avec l’exposition d’une dizaine de projets artistiques sonores et soniques.
Depuis le mois de mai 2006, les salles de ce château du xviiie siècle résonnent d’accords funk, rock ou concrets sans verser pour autant dans la cacophonie puisque nombre des projets sont silencieux. Une compilation « transgénérationnelle » qui n’empêche pas les artistes de brasser bien des références musicales. Reggae pour les frères Quistrebert qui composent une sculpture monumentale comme un air de musique. Disco pour Angela Bulloch dont le sol coloré s’allume en fonction du rythme d’une boucle empruntée au groupe Chic. Rock alternatif pour Hugues Reip dont la vidéo Flxyuckr II enchaîne par collage des motifs issus de flyers de concerts amateurs. Punk pour Steven Parrino, lui-même musicien noise, dont deux reliques de monochromes défoncés à coup de masse reposent dans la chapelle sous la protection d’un portrait de rock star peint par Jean-Luc Blanc.
La visite du château réserve de beaux moments iconoclastes, chocs des générations productifs qui ne se contentent jamais du simple affrontement. Il s’agit d’une infiltration intelligente, se jouant
salle après salle. Au détour du titre d’une chanson, d’une ambiance musicale, l’exposition ne se répète pas ; une gageure en cette époque de reprises, permise par les nombreuses productions et découvertes qui émaillent le parcours.
Davide Balula, à l’angle d’un escalier, fait pousser des orties, stimulées par les battements de son cœur, engrais seulement audible par les plantes tandis que Dario Robleto reconstruit l’histoire. Lisez bien les cartels de ses œuvres exposées dans la bibliothèque, pour partie elles sont constituées de vinyles fondus. Une mémoire fétichiste macabre et violente aux accords politiques qui symbolise bien cette visite non conventionnelle du patrimoine. Elle conduit jusqu’aux confins du parc, dans une magnifique glacière d’époque, habitée par les tintements fragiles de l’installation de Céleste Boursier-Mougenot. Comme un appel à poursuivre la visite en extérieur, au gré des sculptures dialoguant avec la majesté des lieux.

« Accords excentriques » et « L’Esprit des lieux » , Domaine départemental de Chamarande, 38, rue du Commandant-Arnoux, Chamarande (91), tél. 01 60 82 52 01, www.chamarande.essonne.fr, jusqu’au 29 octobre 2006.”ˆEntrée gratuite.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Chamarande hausse le ton

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque