Les variations stylistiques des cimiers dépendent de la région d’appartenance

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 439 mots

Selon les lieux, les animaux figurant sur les masques n’étaient pas les mêmes. Dans les limites prescrites par la tradition, le sculpteur avait aussi son style propre, sa manière personnelle de les évoquer. Certains ethnologues ont tenté de préciser l’existence d’artistes ou ateliers déterminés, le « Maître de Ségou » ou le « Maître de la crinière qui vole ».
C’est séduisant, mais guère convaincant. Par contre, on répartit les cimiers en quatre groupes selon leurs caractères esthétiques correspondant chacun à une région précise. C’est le classement qu’adopte le musée pour sa présentation.

Bougouni et Bamako
Le style de Bougouni et des villages voisins de cette ville, au sud de Bamako au Mali, mêle remarquablement sur une même pièce plusieurs silhouettes zoomorphes. C’est l'enchaînement harmonieux de courbes et contre-courbes reliant les formes des animaux, ces formes stylisées jusqu’à l’abstraction, qui le caractérise. L’antilope est sur la partie supérieure, la crinière évoquée par des zigzags, ses hautes cornes se dressant verticalement.
Au-dessous de l’antilope, on distingue un animal hybride, oryctérope, pangolin (lire page 46) ou pintade. Quelquefois une figure féminine se dresse à la base des cornes. Ce style remonterait à une époque ancienne, de nombreux masques pourraient dater de la fin du XIXe ou du début du xxe siècle.
Dans la région de Bamako et au nord du fleuve Niger, c’est un autre style qui apparaît, caractérisé par une tendance à l’horizontalité. Les cornes de l’antilope s’allongent démesurément, sa gueule est
ouverte, sa langue visible. On distingue nettement ses pattes puissantes, en zigzag, donnant une impression de dynamisme, comme si on voyait fuir l’animal à toute allure. Ce masque est généralement sculpté en deux parties, la tête et le cou étant adaptés au corps par un crochet métallique.

Ségou et les autres styles
Autour de Ségou, San et Koutiala, c’est la verticalité qui domine pour des ensembles plastiques admirables. Dans le couple d’antilopes, le mâle est nettement distinct de la femelle. Il est plus grand, le sexe fortement marqué. Sa crinière qui s’envole dans le vent est un morceau de bravoure servant de lien entre la courbe hardie des cornes et le corps très court. Rien de tel chez la femelle d’allure plus austère, ses cornes sont droites et elle porte souvent un petit sur son dos, comme la femme bamana de la région.
Il semble bien difficile de parler d’un quatrième style de Ciwara le long de la frontière séparant le Mali de la Côte-d’Ivoire et de la Guinée. Autour de Sikasso des masques extrêmement divers, raffinés et complexes, ne ressemblent guère à des antilopes. Près de Kita, enfin, il ne reste plus que des cornes surmontant un masque anthropomorphe.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Les variations stylistiques des cimiers dépendent de la région d’appartenance

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