Une rentrée italienne

L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 420 mots

« Quand j’ai vu cette photo, je me suis dit : elle est à moi. J’étais foudroyée ». Pour Anna Rosa Cotroneo, la photo est avant tout une histoire de cœur.

Gracile et gracieuse, cette Romaine aux beaux yeux verts possède, avec son époux, la plus créative des collections de photos italiennes. Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photographie, le sait bien et leur offre ses cimaises jusqu’au 15 octobre 2006. On y découvrira des artistes contemporains (tel Paolo Ventura et ses maquettes, décors et corps miniatures plus vrais que nature) exposés près des maîtres : Giacomelli (et ses fameux curés jouant dans la neige), Scianna (et son sublime modèle Marpessa), Basilico, Fontana, Jodice, etc.

Superbe introduction : les seize photos de Mimmo Jodice, premier photographe collectionné par Anna Rosa qui détient deux cents clichés du Napolitain. Sur ses portraits de sculptures, la lumière donne vie aux visages, aux yeux de marbre, plus vivants, plus vifs que ceux des vivants.

Partout dans l’exposition, est révélé le rôle sublimateur, magique de la lumière, héroïne de la collection du couple et de l’installation inédite d’Alfredo Pirri. Une cité de verre où la couleur et l’intensité de la lumière varient selon les mots des dépêches d’agence de presse reçues chaque jour. Techniquement ultra-pointu, visuellement fascinant.

Le thème présence-absence plane aussi sur la collection. Quand on fixe les deux clichés de Luigi Ghirri (pris juste avant sa mort, en 1992), le brouillard envahit le regard. Derrière le rideau blanc, le village de Roncocesi disparaît, apparaît. Chez Franco Fontana, les ombres jouent au chat et à la souris avec la géométrie urbaine. Hommes ou statues ? Pierre ou chair ? Au cœur de la série : deux photos tout en courbes de… Prague. Étonnant, rare, tant Fontana nous a habitués aux tons très vifs et aux traits très nets des horizons capturés à toutes saisons.

Clin d’œil d’initiés : les clichés d’Elisabetta Catalano, photographe de La Dolce Vita, amie de Fellini, qui immortalisa les happenings de la Rome artistique. Près de la performeuse nue, pose Michelangelo Pistoletto, l’auteur de la photo d’Anna Rosa, entourée de son fils et de son mari, exposée juste à côté. Image-miroir qui, quand on la regarde, nous inclut dans la famille… symbole de l’âme de cette expo : une belle et intelligente histoire de partage et de passion.

« Un été italien » , Maison européenne de la photographie (MEP), 5-7, rue de Fourcy, Paris IVe, tél. 01 44 78 75 00, www.mep-fr.org, jusqu’au 15 octobre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Une rentrée italienne

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