Le Printemps en septembre

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 411 mots

Après trois années de programmation, Jean-Marc Bustamante remet les clés du festival toulousain et signe avec Lignes brisées une ultime direction artistique placée sous le signe du paradoxal.

De Cahors à Toulouse, de la photo au festival généraliste, de directeurs artistiques en directeurs artistiques, le Printemps de septembre a déjà vécu plusieurs vies et s’apprête à en vivre une nouvelle. L’événement a malgré tout fini par prendre ses marques et confirmé ses exigences : gratuité des manifestations, ancrage dans l’espace public, parcours largement réparti dans la ville rose, programmation brassant sans réserve spectacle vivant et art contemporain, expositions et Soirée nomades, le tout, soutenu par une enveloppe généreuse allouée à la production d’œuvres.

Un regard personnel
En somme, il s’agit d’une manifestation tournée vers les artistes et le public. « C’est important que ce soit annuel, petit et très subjectif » précise Jean-Marc Bustamante, aux commandes du festival pour la troisième et dernière fois. In Extremis, Vertiges, Lignes brisées, la trilogie orchestrée par l’artiste aura sorti la manifestation de l’ornière photographique à laquelle Cahors l’avait consignée.
« Je n’ai pas fait ça pour défendre ou consolider une ligne artistique que je crois être la bonne, se justifie l’artiste. C’était plutôt une manière passionnante d’entrer dans l’art de mon temps et de réfléchir à ses enjeux. Mais c’est une anecdote dans une carrière d’artiste » sourit-il, coupant court à toute rumeur de prolongation.
Reste qu’en dépit d’une hétérogénéité de principe, les trois éditions ont montré un appétit pour les formats imposants et une expressivité appuyée. Elles pourraient bien partager quelques engagements : une ligne transgressive, « baroque ou retenue », qui exposa l’Autrichien Elmar Trenkwelder et ses monuments convulsifs en 2004 aussi bien que les néons froids et ordonnés de Gerhard Mertz l’an passé. Cette année, même jeu des contrastes qui met en lice la radicale Sarah Lucas aussi bien que les papes anglais du conceptuel Art & Language.
Une ligne qui pratiqua par ailleurs l’exercice du rattrapage historique pour des gloires passées présentant leurs productions récentes. Chaque édition montra, aux côtés d’une sélection plus prospective, son lot d’artistes d’envergure internationale négligés en France : James Rosqenquist, Didier Vermeiren, Remy Zaugg ou Lawrence Weiner, sans doute coupables d’avoir gagné leur place dans les musées.
Pour boucler la boucle, on attend encore un luxueux emballage — avec comme chaque année depuis 2003, les deux graphistes inspirés M & M — qui devrait rassembler en un même coffret les trois catalogues de l’épisode Bustamante.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Le Printemps en septembre

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