Peinture, orfèvrerie et verrerie : comment l’Orient rayonne sur la production vénitienne

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 400 mots

Au début du xve siècle, Venise aborde sa période la plus fastueuse. Les palais des riches commerçants s’ornent des dernières trouvailles du gothique international. La peinture se dégage de la tradition byzantine des icônes. La ville s’ouvre aux influences qu’apportent des voyageurs célèbres : la perspective avec Mantegna, la peinture à l’huile avec Antonello de Messine, et l’Orient fascine toujours plus.
Vers 1450 un groupe se forme autour des Bellini, Jacopo le père et ses fils Gentile et Giovanni. Gentile (1430-1507), tire parti de son séjour chez Mehmet II le Conquérant, pour réaliser d’après nature un
remarquable Portrait du sultan. Ce peintre souvent considéré comme narratif, y apparaît capable d’une composition sophistiquée pour traduire avec une précision clinique la personnalité calculatrice du souverain montré de trois quarts.

L’Orient dans la peinture
Proche des Bellini, Carpaccio (1450-1525) s’oriente vers une vision érudite de l’espace. Dans sa Prédication de saint Étienne de Jérusalem, il détaille les niveaux successifs d’architecture au flanc de la colline, traçant un demi-cercle qui répond au demi-cercle dessiné par les figures dont chacune est identifiée par son attitude et son vêtement.
Œuvrant aussi dans le cercle des Bellini, Giovanni Mansueti (1485-1527) se révèle excellent dessinateur pour les Trois dignitaires mamelouks saisis durant une discussion animée.
La fin du XVIe voit fleurir avec l’école de Véronèse une série de Portraits de sultans ottomans. Portraits brillants, savants dans l’emploi de la couleur. Soliman le Magnifique n’y figure pas, mais une gravure anonyme : Soliman le Magnifique portant le casque garni de pierreries nous le révèle.

Un artisanat éclatant
Orfèvrerie et verrerie prouvent le luxe qui s’étale grâce au commerce. Leur origine est parfois difficile à
situer car les techniques se transmettent et les objets s’exportent.
Pour les métaux, l’Orient est riche d’une vieille et prestigieuse tradition. Mais, au XVIe siècle, c’est à Venise qu’est produit un Chandelier en laiton incrusté d’argent, admirable par sa forme, dont chaque étage semble se hisser à l’assaut de la lumière qu’il porte.
Les spécialistes voudraient bien savoir aussi qui est ce Mahmud al-Kurdi qui signe en arabe et en latin, au tournant du xve et xvie siècle, nombre d’objets en métal dont une luxueuse Boîte circulaire à couvercle en laiton incrusté d’argent et d’or.
Pour la verrerie, Venise et Murano supplantent les productions syriennes. On y réalise par exemple dès la fin du xiiie un Gobelet en verre émaillé porteur de motifs figuratifs d’une savante complexité.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Peinture, orfèvrerie et verrerie : comment l’Orient rayonne sur la production vénitienne

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