Louis Le Brocquy fête ses quatre-vingt-dix ans

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 344 mots

Il méritait bien cette exposition. Cette année, l’artiste irlandais Louis Le Brocquy (né à Dublin en 1916) célèbre ses 90 ans. À Paris, seule la galerie Jeanne-Bucher consacre une rétrospective à celui qui, bien que bien moins connu en France que Francis Bacon, est pourtant l’un des principaux peintres irlandais du xxe siècle.
Absent des musées français, il est le seul artiste vivant à être représenté dans la collection permanente de la National Gallery de Dublin. En 2000, l’une de ses toiles avait atteint le prix record de 1,15 millions de livres sterling (environ 1,7 millions d’euros) chez Christie’s.
L’exposition comprend une quinzaine d’œuvres, datées de 1957 à 2005, couvrant les périodes les plus importantes de cet artiste autodidacte, chimiste de formation. Fasciné par l’humain, Brocquy cherche à traduire l’enveloppe physique de l’homme autant que l’âme qu’elle cache. Lors d’un voyage en Espagne en 1955, il fait une découverte déterminante : il y voit une lumière éclatante qui « absorbe les contours de l’être humain par sa clarté et donne de la substance à l’ombre ».
C’est cette lumière que l’on retrouve dans la série blanche intitulée Présences, et notamment dans Young Woman (1957) et Being (1959). Dans ces tableaux, les ombres humaines sont diluées et englouties dans un fond blanc, elles semblent à la fois naître du néant et y disparaître. On retrouve cette même tension entre le visible et l’invisible, l’évanescence et la substance dans les Têtes ancestrales. Dans cette série (voir Entremont, 1968), des crânes aux contusions apparentes émergent de la nuit en même temps qu’elles semblent s’y noyer.
Quelques années plus tard, l’artiste réalisa sa série la plus connue, celle des portraits. Pièce phare de l’exposition, le Portrait de Samuel Beckett (1982) est très similaire à celui qui, en mai dernier, a été vendu 324 195 euros par Christie’s. « Je cherche à rendre visible l’essence beckettienne de Beckett » avait déclaré l’artiste.

« Louis Le Brocquy », galerie Jeanne-Bucher, 53, rue de Seine, Paris VIe, tél. 01 44 41 69 65, www.jeanne-bucher.com, du 12 octobre au 10 novembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Louis Le Brocquy fête ses quatre-vingt-dix ans

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