Un grand magasin pour remède à la scène française

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 novembre 2006 - 391 mots

On aurait pu penser l’opération rondement menée par le service communication du grand magasin. Pourtant « Antidote » est une affaire de famille et de passion partagée avec les quelque 80 000 visiteurs par jour des Galeries
Lafayette du boulevard Haussmann. Tous ne se sont pas rués sur la première édition programmée l’an dernier pendant la Fiac. Mais, en un peu plus d’un mois, 10 000 curieux étaient venus voir cette potion concoctée par Guillaume Houzé, petit-fils de Ginette Moulin, présidente du conseil de surveillance du groupe.
L’histoire d’amour entre le magasin et l’art de son temps ne date pas d’hier. Son fondateur, Théophile Bader, collectionnait déjà Soutine et Jongkind. Madame Moulin et son mari soutenaient les peintres de l’école de Paris avant que son petit-fils n’achète sa première toile (un Erró) à quatorze ans. En 1946, le grand magasin accueillait les peintres du Salon de mai et, parmi eux, Giacometti, de Staël ou Tal Coat et, en 1978, La France a du talent autour de César, Dubuffet et Niki de Saint Phalle.
L’an dernier, comme un pied de nez au grand collectionneur Pinault à qui l’on reprochait la discrétion des artistes français dans sa gigantesque collection, Guillaume Houzé exposait dans sa galerie des
Galeries neuf acquisitions récentes d’autant de jeunes artistes… français.
L’économie du jeune homme ne lui permettant pas des achats aux montants affolants, il a pris le parti d’épauler la création française sans qu’il s’agisse exclusivement de jeunes inconnus.
Mathieu Mercier reçut le prix Duchamp en 2003, Saâdane Afif s’est vu décerner le prix Prince Pierre de Monaco en 2006, Didier Marcel et Tatiana Trouvé ont été lauréats du prix Ricard et Xavier Veilhan gravite dans les hautes sphères de l’art mondial.
Guillaume Houzé les collectionne, fidèlement pour certains qui s’affichent pour la deuxième année consécutive dans l’opération (Mercier, Afif) et, pour la première fois, produit avec sa grand-mère. L’artiste Laurent Grasso a pu ainsi tourner le portrait de la star de cinéma Carole Bouquet. On n’en sait pas plus sur le film à l’heure actuelle, mais il ne fait aucun doute qu’il sera le pôle d’attraction de ce second « Anti-dote ». Espérons qu’il n’éclipsera pas les œuvres de Pierre Ardouvin, Michel Blazy, Audrey Nervi et Xavier Veilhan.

« Antidote 2 », La galerie des Galeries, Galeries Lafayette, 40, boulevard Haussmann, Paris IXe, www.antidote-2006.com/fr, jusqu’au 9 décembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : Un grand magasin pour remède à la scène française

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