Jacques Stella

Ses chefs-d’œuvre inconnus

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 1 décembre 2006 - 350 mots

Alors que se succèdent les expositions célébrant des artistes consacrés, le musée des Beaux-Arts de Lyon choisit de présenter un artiste célèbre en son temps et peu connu aujourd’hui.

Le constat numéraire éloquent pourrait seul suffire : cent soixante œuvres sont rassemblées pour la présente exposition au musée des Beaux-Arts de Lyon qui peut se prévaloir d’éminents prêts concédés par des institutions internationales. 
Jacques Stella (1596-1657) méritait bien cet abondant corpus tout comme l’intelligence du propos de ses organisateurs. Aussi, le commissariat se satisfera-t-il doublement d’une manifestation lumineuse qui, nécessaire(ment), fera date et qui, par voie de conséquence, aurait comblé Gilles Chomer, son instigateur récemment décédé.

Peintre du roi dès 1634, Stella a ensuite basculé dans l’oubli
Né à Lyon, Jacques Stella s’installe vers 1618 en Italie, précisément à Florence où, à l’image de Jacques Callot, il s’enthousiasme pour les fastes de la cité toscane qu’il grave scrupuleusement. Tous les chemins menant à Rome en ce Grand Siècle, il gagne la Ville éternelle en 1623 et, par la même occasion, ses lettres de noblesse.
Au contact du Bernin, de Poussin et de Vouet, il compose des peintures dont la Sainte Cécile de Rennes montre la propension classique. De retour en France en 1634, il est nommé peintre du roi. Ses œuvres peuplent dès lors de prestigieux édifices religieux et font de lui, avec La Hyre, Champaigne ou Le Sueur, un maître de l’« atticisme », un classicisme raffiné dont sa Sainte Anne demeure un remarquable exemple.

Une vie et une œuvre qui restent encore à découvrir
Froideur ne rime pas avec austérité. Jacques Stella enrichit sa palette d’ors et d’ocres qui réchauffent les tons glacés et acidulés des débuts ainsi que l’attestent son exceptionnel Jugement de Salomon ou ses scènes pastorales.
Car l’apparente saturation de la composition ne rend les variations que plus licencieuses chez ce peintre énigmatique dont on ne sait presque rien si ce n’est qu’il collectionnait Poussin ou Raphaël et qu’il n’eut ni femme ni enfant.
Aussi, lorsqu’il ose nous regarder en face, comme avec son Autoportrait de Lyon, l’on ne s’étonnera pas que d’aucuns discutent encore de l’attribution…

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Jacques Stella

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