Ardent Dubuisson

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 1 décembre 2006 - 398 mots

Il y a eu une table en cèdre du Liban intitulée Quasi Una Fantasia, la chaise L’Aube et le temps qu’elle dure, la tasse à café Fantaisie pour une anse, la lampe Beaucoup de bruit pour rien, le lit L’Inconscient, muni d’une voile « pour voguer sur les songes », ou encore, le vase Lettera Amorosa, en hommage à René Char. L’homme n’est pas avare de références littéraires ou poétiques au moment de « baptiser » ses objets.
C’est que Sylvain Dubuisson n’a de cesse de leur insuffler illico une forte valeur symbolique. « Ce qui m’intéresse, dit-il, c’est de créer des objets où matériel et spirituel s’équilibrent. » Sans doute a-t-il été pleinement satisfait, en 1997, lorsqu’il s’est agi de dessiner un calice et un ciboire pour le pape Jean-Paul II, en visite à Paris pour les Journées mondiales de la Jeunesse.
Né en 1946, à Bordeaux, Sylvain Dubuisson étudie d’abord l’architecture à l’École supérieure d’architecture de Saint-Luc, à Tournai (Belgique), dont il sort diplômé en 1975, avant de se lancer, en parallèle et dès le début des années 1980, dans la création d’objets et de mobilier.
Le Bordelais n’a eu de cesse depuis de jongler sur les deux tableaux. L’architecte aménage les espaces d’accueil du Panthéon ou du château de Fontainebleau et, racines obligent, les chais du château Haut-Selve, dans les Graves, en Gironde.
En parallèle, le designer, lui, œuvre notamment pour la firme Écart International et la galerie Néotu. Sans oublier le Mobilier national, au sein duquel Dubuisson conçoit, en 1990 – l’année où il sera désigné lauréat du Grand Prix national de la création industrielle –, plusieurs meubles pour le bureau de Jack Lang, alors ministre de la Culture.
L’une de ces pièces, la plus singulière de la série, est le fauteuil Suite ingénue, une assise plutôt classique néanmoins portée par des pieds étonnants. Évidés, telles des cages à oiseaux, ils renferment chacun une petite surprise comme une énigme : un jeu de dés, un long serpent, un petit personnage…
L’exposition intitulée « Sixties » – l’âge du capitaine donc – évoque, au travers de dessins et de pièces uniques ou d’édition, son parcours original dans des domaines aussi variés que l’art
sacré, le mobilier urbain, les objets du quotidien ou l’aménagement intérieur.

« Sixties », musée des Arts décoratifs, 39, rue Bouffard, Bordeaux (33), tél. 05 56 10 14 00, jusqu’au 29 janvier 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Ardent Dubuisson

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