Murakami

Kitchissime !

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2006 - 370 mots

L’artiste Takashi Murakami, que la galerie Emmanuel Perrotin expose jusqu’au 23 décembre [2006], est de la famille des entrepreneurs.

À l’image d’un Andy Warhol, il possède sa Factory, la Kaikai Kiki. L’artiste-homme d’affaires a aussi créé une foire, la Gesai, et des émissions de télévision. Non content de ces différentes casquettes, il a aussi produit des lignes de sacs pour Louis Vuitton. Ces diverses activités s’inscrivent dans sa théorie du Superflat, par laquelle il prétend fusionner la grande culture et celle populaire.
En se frottant au monde de la consommation, aussi bien haut de gamme avec Vuitton, que plus gadget avec ses produits dérivés, il suscite moult critiques. L’intéressé semble toutefois indifférent aux grincements de dents qu’il provoque. Il est même perçu comme un modèle au Japon ! « Il y a encore quelque temps, le rêve des jeunes était d’être musicien, confie-t-il. Maintenant, avec les chargements Internet gratuits, l’industrie du disque a perdu de sa force. Du coup, les jeunes artistes se disent qu’un artiste contemporain rapporte plus d’argent. Avec l’artiste Nara, je crée un nouveau rêve pour la jeune génération. »
Malgré tout le scepticisme que suscite son travail, réduire celui-ci à un simple phénomène de marché serait aussi tentant que simplificateur. Son œuvre emprunte certes au kitsch consumériste, au culte presque infantile du mignon, kawai en japonais, et à la violence du manga. Mais elle puise aussi ses racines dans des codes esthétiques plus profonds, comme ceux de la peinture Nihonga, mariage au XIXe siècle de l’iconographie nippone et européenne.
L’exposition à la galerie Perrotin offre un condensé de l’univers de Murakami. On y retrouve son personnage au rictus agaçant, Mr. Dob, reproduit sur plusieurs peintures baptisées And Then. La série des Jellyfish Eyes suit le fil de ses précédentes créations. Le grand tableau 727-727-727, peint dans une technique traditionnelle, augure d’un travail que Murakami a entrepris sans le concours de sa noria d’assistants.
La surprise vient surtout des peintures abstraites en damier intitulées Acupuncture Paintings. Celles-ci sont supposées diriger le regard du spectateur d’une case à une autre. Une expérience cependant peu probante !

Exposition Takashi Murakami, galerie Emmanuel Perrotin, 76, rue de Turenne, Paris IIIe, tél. 01 42 16 79 79, jusqu’au 23 décembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Murakami

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