Suite royale au château de Compiègne

L'ŒIL

Le 1 décembre 2006 - 422 mots

Si les rois de France ont de tout temps investi les demeures en campagne pour s’adonner à la chasse en des fiefs giboyeux, Louis XVI fut l’un des premiers à y convier sa cour, jusqu’alors réticente à ces séjours provinciaux. En témoigne le château de Compiègne, pour lequel Louis XVI fit poursuivre les travaux d’aménagement confiés par son prédécesseur à l’architecte Gabriel, dont les dessins et plans recensés pour l’exposition illustrent l’ampleur. La reconstitution des appartements royaux, parmi lesquels la chambre du roi ou la salle des jeux, présente de nombreux meubles et objets issus des collections de Fontainebleau, du Louvre ou du Mobilier national.
Louis XVI substitue aux décors de chasse de Louis XV une iconographie à ses gloires militaires, dès son premier séjour en 1770. Peu enclin aux arts, Louis XVI n’est ainsi pas l’inspirateur du style qui porte son nom. À la seule volonté d’un monarque, les historiens préfèrent avancer le goût de la reine pour ces demeures de campagne, Marie-Antoinette favorisant sans conteste la grâce spontanée à l’étiquette rigide de la cour. Lasse des raffinements exotiques et autres rocailles fantaisistes du style Louis XV, la reine entend bien insuffler de la légèreté à la décoration. L’heure est aux bonheurs champêtres, la mode à l’hédonisme de La Nouvelle Héloïse de Rousseau, aux petits châteaux « modestes ».
Marie-Antoinette passe de nombreuses commandes aux ébénistes, imposant un retour au modèle antique amorcé avec la Pompadour. Les formes sinueuses du style précédent se raidissent. Aux pieds galbés des massives commodes Louis XV succèdent des pieds droits et des lignes perpendiculaires. La rigidité du mobilier s’atténue laissant une large place aux motifs végétaux stylisés. Guirlandes de lierre, oves, perles, raies de cœur, feuilles de laurier ou d’acanthe, d’or ou de bronze, apportent au mobilier un brin de fantaisie prompt à adoucir la rigueur ambiante. Mais la simplicité cache surtout un goût pour le fonctionnel et le transformable, eu égard au goût de l’époque pour la mécanique.
Les ébénistes rivalisent d’ingéniosité pour satisfaire des demandes toujours plus précises. Il n’est pas tant nécessaire de créer que d’adapter les meubles déjà existants aux nouvelles attentes. La coiffeuse pour homme, également appelée « poudreuse » fait son apparition. Des caissons latéraux permettent d’y dissimuler perruques et fards. L’exposition propose ainsi une incursion dans l’intimité de la cour, loin des étiquettes contraignantes et empourprées des demeures du pouvoir.

« Louis XVI et Marie-Antoinette à Compiègne », musée du château de Compiègne, place du Général-de-Gaulle, Compiègne (60). tél. 03 44 38 47 00, www.musee-chateau-compiegne.fr jusqu’au 29 janvier 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Suite royale au château de Compiègne

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