La mode sous ses plus belles coutures

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 7 août 2007 - 368 mots

À travers une sélection drastique opérée sur les créations de dix stylistes contemporains, Boston dresse le bilan d’une saison de haute couture à Paris. Entre classicisme et expérimentation...

Rien de moins frivole que la mode ! Baromètre de l’évolution des mœurs et des goûts, elle a toujours été, si l’on en croit Charles Baudelaire, l’expression même de la modernité.
Sous la houlette de Pamela Parmal, directrice depuis janvier 2004 du département Textile et Art de la mode du Museum of Fine Arts de Boston (MFA), l’exposition « Fashion Show : Paris Collections 2006 » établit une sorte de radioscopie d’une saison de haute couture parisienne à travers la sélection pointue de dix stylistes, représentés eux-mêmes par une dizaine de modèles. Soit une passionnante mise en perspective des différentes esthétiques élaborées par ces « arbitres des élégances », dont l’univers créateur transcende bien souvent le seul langage du vêtement.

La modernité en marche
Car ce qui frappe d’emblée le visiteur, c’est bien l’éclectisme des solutions formelles comme des philosophies qui sous-tendent le travail des dix couturiers exposés à Boston. En effet, quoi de commun entre le langage conceptuel et futuriste d’un Hussein Chalayan et ses vêtements transformistes jouant sur le déplacement des codes sociaux, l’élégance atemporelle des créations d’un Olivier Theyskens célébrant la quintessence de la femme Rochas, ou bien encore la fantaisie débridée et libertine d’un John Galliano ?
Car si certains créateurs semblent immanquablement lorgner du côté du passé et de la tradition (tel Karl Lagerfeld revisitant avec grâce le célèbre tailleur et les petites bottes blanches de Mademoiselle Chanel), d’autres repoussent sans cesse plus loin les questionnements de la mode. C’est le cas du Japonais Yohji Yamamoto, véritable « architecte du vêtement » dont les tenues androgynes et austères ont définitivement sonné le glas d’un luxe clinquant…

Un show à l’américaine
Si l’on peut regretter l’absence de certains créateurs (dont Jean-Paul Gaultier, sans doute le couturier le plus subversif de ces dernières décennies) et le parti pris de n’exposer que les collections féminines (excepté une timide incursion de Martin Margiela), cet instantané de la mode française vu par une Américaine offre une formidable leçon de sociologie sur notre époque : passéiste et audacieuse tout à la fois !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : La mode sous ses plus belles coutures

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