Rispal

Sa donation Art nouveau

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 6 août 2007 - 393 mots

Qu’un musée rende hommage à un marchand est un acte suffisamment rare pour être souligné. En 1989, le Centre Pompidou avait organisé une exposition de la donation du galeriste Daniel Cordier. C’est au tour du musée d’Orsay de saluer la mémoire de l’antiquaire Antonin Rispal (1920-2003) en présentant deux cents pièces d’Art nouveau offertes par son épouse et sa fille Josette.
La naissance dans une famille d’agriculteurs du Cantal ne destinait pas Antonin Rispal au commerce de l’art. C’est en chinant des pots à tabacs que son regard évolue insensiblement vers les objets 1900. Achetant d’abord en amateur, il ouvre sa première galerie en 1967 au Village Suisse.
Vendre du style nouille dans les années 1960-1970 n’avait rien d’évident. Il n’est qu’à lire le livre de Pierre Mazars, Voulez-vous chiner avec moi ?, publié en 1970, pour mesurer le désintérêt ambiant pour l’Art Nouveau : « Le style 1900 possède cette qualité merveilleuse : il n’y a pas de copies. Et jusqu’à il y a quatre ou cinq ans, il n’intéressait que de rares collectionneurs. Les antiquaires qui possédaient de ces objets passaient pour vouloir réhabiliter le mauvais goût. » Mais Rispal avait
ceci de particulier qu’il répugnait souvent à vendre les pièces les plus importantes.
Comme le rappelle Philippe Thiébaut, commissaire de l’exposition, Rispal a gardé une grande vitrine aux orchidées de Louis Majorelle, achetée en 1967 comme l’ensemble de meubles de Paul Auscher, achat audacieux daté de 1970. Pour le plus grand bonheur aujourd’hui du musée d’Orsay. La donation compte quelques pépites comme un grand trumeau d’Émile Gallé (1898-1900), un type d’objet peu fréquent dans sa production. On relève également cinq meubles à la fantaisie mauresque de Carlo Bugatti. 
Un cabinet jouant sur des effets de plein et de vide et de contrastes de couleur est à remarquer dans ce lot. Le goût de Rispal cédait aussi parfois à un luxe plus traditionnel, avec le mobilier de Paul Follot ou celui de Perol Frères. Dans cet ensemble éclectique, l’objet le plus séduisant ne mesure guère plus de quinze centimètres. Il s’agit d’un presse-papier modèle Cobra de Jean Dunand (1913), merveille en bronze incrusté d’or, de laque et d’ivoire. Hypnotique.

« Autour de 1900, un ensemble Art nouveau, donation Rispal », musée d’Orsay, entrée Parvis, 1, rue de la Légion-d’Honneur Paris VIIe, tél. 01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr, jusqu’au 28 janvier 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Rispal

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