Jan Fabre, le grand agitateur

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 6 août 2007 - 267 mots

Le hibou est symbole d’obscurité, de solitude et de tristesse. La mythologie grecque en fait l’interprète d’Atropos, celle des Parques qui coupe le fil de la destinée. En Égypte, il exprime le froid, la nuit, la mort, et, dans la Chine antique, il passe pour un animal terrible qui aurait dévoré sa mère, symbole du yang et même de l’excès de yang.
Que Jan Fabre ait fait du hibou son animal fétiche ne surprendra donc pas. On se souvient en effet du scandale provoqué par cet artiste flamand de quarante-huit ans au Festival d’Avignon en 2005. Son spectacle « Je suis sang », un récit d’envoûtement, de chair et d’émotions, avait littéralement ensanglanté la cour d’honneur du Palais des Papes. Hôte ces derniers temps du Musée royal des beaux-arts d’Anvers, l’artiste y a réalisé une impressionnante installation. Sur une longue table recouverte d’une nappe immaculée, il a disposé une série de têtes de hiboux empaillées, comme décapitées, aux yeux humains fixes, qui jouaient de confrontation avec la collection de tableaux anciens de cette honorable institution.
Inquiétantes, voire obsédantes, par cette façon de nous darder, ces têtes que l’on peut voir chez Daniel Templon nous interpellent au plus profond de notre identité. Certes, dans le contexte de sa galerie, l’effet est moins spectaculaire mais elles sont si présentes qu’à simplement croiser leur regard, elles ne nous laissent en aucune façon indemnes. Décidément, Jan Fabre n’a pas son pareil pour nous bouleverser.

« Jan Fabre, Les messagers de la mort décapités », galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, Paris IIIe, tél. 01 42 72 14 10, jusqu’au 28 février 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Jan Fabre, le grand agitateur

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