Émile-Othon Friesz

Libérer le fauve

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 404 mots

À travers cent cinquante peintures, dessins, céramiques et gravures, La Piscine invite à redécouvrir un artiste bien plus complexe que ne l’ont laissé entendre ses détracteurs…

Qui se souvient encore d’Émile Othon Friesz ? Excepté le petitcercle des historiens de l’art et les amateurs de ventes aux enchères, force est de constater qu’une chape d’oubli semble bel et bien tombée sur ce peintre né au Havre en 1879 et décédé le 10 janvier 1949, à l’âge de soixante-dix ans. Et pourtant, celui qui fréquenta Guillaumin, Pissarro, mais aussi Braque, Vlaminck, Derain, frotta son pinceau à l’impressionnisme, participa à la grande aventure du fauvisme, entreprit une synthèse des recherches cézaniennes, avant de sombrer, il est vrai, dans une période plus conventionnelle pour ne pas dire mercantile…

Sa production ne se limite pas au fauvisme de 1906-1907
C’est précisément ce long et passionnant itinéraire pictural qu’a choisi de mettre en lumière l’exposition organisée conjointement par les musées du Céret et du Havre, et la Piscine de Roubaix. Car si l’on n’a bien voulu retenir de cette production féconde que les dix-huit mois de « flamboyance fauve » (de l’été 1906 à la fin de l’année 1907), l’on a bien souvent jeté aux oubliettes les autres facettes d’une œuvre plus élaborée qu’il n’y paraît.
Sous la houlette de son commissaire scientifique, l’historien de l’art indépendant David Butcher, l’exposition prend ainsi des allures de redécouverte, davantage encore que de réhabilitation. Nul souci d’hagiographie, en effet, de la part de celui qui a consacré sa thèse à ce peintre jugé de « second ordre » par la plupart de ses collègues. Bien plutôt le désir ardent de comprendre le « vide » qui séparait les toiles de jeunesse empreintes d’un lyrisme que certains qualifièrent même de « baroque », de la production plus convenue, voire médiocre, des dernières années.

Une longue carrière entre conformisme et innovation
L’analyse scrupuleuse et sans a priori de l’œuvre dans sa globalité a ainsi permis à David Butcher de cerner au plus près la personnalité de ce peintre, sans cesse tiraillé entre la forme et la couleur, la modernité et la tradition. Bref, un artiste dans toute la complexité de sa carrière, faite d’audaces, de tiraillements et d’hésitations, mais dont la cote, sur le marché de l’art, ne cesse de grimper.
Exceptionnelle par ses prêts (même si les musées russes, trop « gourmands », ont décliné l’invitation), l’exposition de Roubaix devrait attiser ces belles envolées !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Émile-Othon Friesz

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