Jules Leclercq

L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 246 mots

L’art brut peut-il être considéré comme une expression consciente ? Quelle que soit la réponse de chacun des visiteurs à l’exposition du musée de Riom, il convient de dévoiler quelques pans de la créativité de Jules Leclercq (1894-1966), qu’elle soit réfléchie ou impulsive.
Interné en asile d’aliénés à quarante-quatre ans pour troubles mentaux, Leclercq y demeurera jusqu’à sa mort. Vingt six années marquées d’un silence fécond. Affecté au tri du linge, Leclercq amasse quotidiennement des morceaux de tissus de toutes textures et de toutes couleurs. Fort de sa fascination pour l’image illustrée qu’il collecte dans les magazines, il coud patiemment, brode sans relâche des tapisseries de formats impressionnants, aux motifs réalistes, aux thèmes récurrents. Voyage, évasion, mais également religion sont au cœur de son inspiration.
Pour les représentations de textes sacrés, Jules Leclercq semble s’être inspiré des toiles de Memling, Fra Angelico ou Michel Ange, sans plus d’explications. À l’opposé, les représentations militaires sont une part importante de sa production. Certains ont prétendu qu’il aurait participé
à la guerre de 1914-1918, mais sans avancer de preuves. Nul ne peut donc formuler d’hypothèses sur les raisons qui ont poussé Leclercq à créer. Qu’importe. Ses œuvres sont fortes justement parce qu’elles sont nimbées d’une mystérieuse aura que le visiteur ne peut percer, son créateur l’ayant emmenée avec lui dans son « Ailleurs invisible ».

« Jules Leclercq, donneur de feu », musée Mandet, 14, rue de l’Hôtel-de-Ville, Riom (63), tél. 04 73 38 18 53, jusqu’au 1er avril 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Jules Leclercq

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