Hippolyte et Paul Flandrin

A quatre mains

L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 355 mots

 Ils étaient trois, l’exposition du musée des Beaux-Arts de Nantes n’en a retenu que deux : Paul et Hippolyte Flandrin. « Nous ne voulions pas réitérer l’exposition de 1984 à Lyon et au musée du Luxembourg mais mettre en avant le rapport si particulier qui unissait les deux frères », confie Cyrille Sciama, commissaire de l’exposition. Élèves de l’école d’Ingres, tous deux ont, malgré une touche personnelle, confondu leurs talents et leur maîtrise pour des œuvres à quatre mains, comme en témoigne leur autoportrait exposé. À Hippolyte les portraits, la peinture religieuse, la reconnaissance de ses pairs et les honneurs. À Paul les paysages, l’indépendance stylistique et l’ombre de son frère.
Derrière cette singulière fratrie, la complicité des deux hommes est criante, tous deux poursuivent les toiles de l’autre, se conseillent, brouillent les pistes parfois. Si l’exposition ne présente pas les œuvres à thème religieux d’Hippolyte, « le nouveau Fra Angelico du xixe », plus promptes à être observées in situ, elle reprend chronologiquement les étapes artistiques des Flandrin, du séjour à Rome à l’école de Barbizon en passant par l’atelier d’Ingres.
Dessins, esquisses et toiles invitent à ce double parcours, ces deux cheminements artistiques assez différents et pourtant si proches. Ami de Corot, Paul prend rapidement ses distances quant à la représentation exacte de la nature, préférant insuffler à ses toiles des ambiances mélancoliques et délaisser la tradition néoclassique acquise auprès de son maître. Il apporte parfois la touche finale aux portraits réalisés par son frère. Portraitiste renommé, Hippolyte a également réalisé nombre de paysages audacieux, mais qui ne se sont pas affirmés comme sa spécificité.
L’exposition met en lumière l’interaction de l’un et de l’autre dans leurs œuvres alors qu’ils ont longtemps été cloisonnés chacun dans une discipline. « Paul, moins honoré, était l’ombre bienveillante de son frère. À la mort d’Hippolyte en 1864, le génie créatif de Paul s’en est trouvé freiné. […] L’un sans l’autre, la créativité n’aurait jamais été la même. »

« Hippolyte et Paul Flandrin, paysages et portraits », musée des Beaux-Arts de Nantes, 10, rue Georges Clemenceau, Nantes (44), tél. 02 51 17 45 00, jusqu’au 7 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Hippolyte et Paul Flandrin

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