Sargent et Sorolla

Sensibilité commune

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 1 août 2007 - 444 mots

 Les expositions regroupant les œuvres de deux artistes en face à face ont le vent en poupe. Dans cette lignée, le Petit Palais présente un tête-à-tête original, de deux artistes étrangers : l’Américain John Singer Sargent (1856-1925) et l’Espagnol Joaquín Sorolla (1863-1923). Une centaine de tableaux mettent en parallèle la carrière de ces deux peintres peu connus en France, mais considérés comme des artistes majeurs dans leur pays.
Né à Florence, fils d’un très grand médecin, Sargent parcourut l’Europe. Après sa formation à Paris dans l’atelier de Carolus-Duran, il voyage en Espagne et découvre Velázquez dont il ne cessera de s’inspirer. En Angleterre, il excelle dans l’art du portrait et devient le portraitiste préféré de la haute société britannique et nord-américaine. Issu quant à lui d’une famille plus modeste, Sorolla passa la majeure partie de sa vie en Espagne, où ses tableaux de scènes de genre le placèrent parmi les principaux peintres de l’époque. En 1900, il reçoit le Grand Prix lors de l’Exposition universelle de Paris. C’est là qu’il rencontre Sargent, avec qui il échangera par la suite une correspondance.
Bien que d’origine et de culture très différentes, les deux peintres avaient de nombreux points communs. Tous deux avaient suivi une formation classique, étaient séduits par le talent de Vélásquez et des grands maîtres, et peignaient des personnages et des scènes en s’inspirant de la tradition, mais avec une sensibilité moderne et nouvelle. Dans le portrait intitulé Lord Dalhousie (1900), Sargent s’inspire de la grandeur théâtrale despersonnages des grands maîtres, tout en donnant à ce jeune homme une douceur romantique et naturelle.
Les deux amis ont été des virtuoses de la couleur et de la lumière et ont traduit avec beaucoup de fraîcheur et d’immédiateté des scènes de la vie quotidienne. C’est le cas, par exemple, de Promenade au bord de la mer (1909) de Sorolla, où deux jeunes en robe longue se promènent sur la plage, balayée par le vent. C’est aussi le cas des Deux Jeunes Filles vêtues de blanc (1909-1911) de Sargent où l’artiste parvient à reproduire, sur les robes des deux jeunes femmes allongées, jusqu’aux ondulations des ombres et du soleil de cette fin d’après-midi.
En plus du portrait ou de la scène de genre, les deux contemporains ont tous deux réalisé des peintures murales, dont certaines sont présentées dans l’exposition. Ayant connu la gloire rapidement, Sargent et Sorolla eurent la chance de pouvoir peindre pour eux-mêmes, en restant en marge des impressionnistes à qui on les assimile trop souvent.

« John Singer Sargent et JoaquÁ­n Sorolla, peintres de la lumière », Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris VIIIe, tél. 01 53 43 40 00, www.petitpalais.paris.fr, jusqu’au 13 mai 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Sargent et Sorolla

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