Art ancien

Praxitèle, l'éternelle jeunesse du sculpteur athénien

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 455 mots

Il ne reste rien des œuvres originales du célèbre sculpteur grec. Mais sa renommée aidant, il suscita de multiples copies romaines qui rendent compte de son apport décisif à l’idéal classique.

Une rétrospective uniquement composée de copies et de pastiches. La proposition n’est pas flatteuse et pourtant l’exposition du Louvre est un événement. On ne conserve en effet aucune œuvre originale de Praxitèle, cependant de son époque à aujourd’hui, il est certainement le sculpteur grec antique le plus célèbre.

Une histoire mouvementée
Son cas n’est pas unique, c’est le sort d’une grande partie de la statuaire grecque en ronde-bosse. Amenée à Rome à la suite de la conquête de la Grèce (iie siècle av. J.-C.), elle est tellement appréciée que les riches familles se font faire des copies. Sans valeur aux yeux des envahisseurs barbares puis à l’époque médiévale, de nombreuses statues, dont les originaux, seront fondues en armes ou vaisselle pour les bronzes, ou détruites pour les marbres. Toute la difficulté pour les historiens d’art est de repérer parmi les copies survivantes, plus ou moins fidèles selon la qualité du copiste, les formes originelles de Praxitèle.

L’exposition présente surtout des copies romaines et quelques pastiches postérieurs avant de laisser le public juge de l’authenticité de ce qui pourrait être un original de Praxitèle, un Satyre en bronze découvert en 1997.

La fin de la période classique
Le nombre de copies venues jusqu’à nous est tel qu’il permet d’apprécier la singularité de Praxitèle : un passeur entre la tradition classique et la familiarité hellénistique. La carrière de Praxitèle se situe à Athènes entre 375 et 335, peu de temps avant que les cités grecques ne succombent à Alexandre le Grand.

Les artistes savent reproduire précisément le corps humain depuis le début du ve siècle. Si Praxitèle se situe dans la continuité de l’idéal classique, il introduit cependant une grâce, une élégance et un mouvement qui annoncent la statuaire hellénistique. Les sujets restent religieux (n’oublions pas que la mythologie grecque avait à l’époque un caractère sacré), mais Praxitèle humanise les dieux de l’Olympe. « Il sait rendre vivante la matière elle-même » (Callistrate) : les chairs moelleuses, les visages rêveurs, l’impression de fragilité animent ses Vénus, Apollon et Éros. Plus encore, les statues de Praxitèle arborent la beauté idéalisée et hermaphrodite d’une jeunesse hors du temps. Et c’est justement cela qui leur confère l’éternité.

Autour de l’exposition

Informations pratiques « Praxitèle », jusqu’au 18 juin 2007. Commissariat : Alain Pasquier et Jean-Luc Martinez. Musée du Louvre, Paris Ier. Métro : Palais-Royal/Musée du Louvre. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h, le mercredi et le vendredi jusqu’à 21 h 45. Tarif : 9,50 €. Tél. 01 40 20 50 50, www.louvre.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : Praxitèle, l'éternelle jeunesse du sculpteur athénien

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