L’énigme du sculpteur Charles Malfray

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 376 mots

Si Jean-Baptiste Auffret, directeur de la galerie Malaquais, remet au goût du jour Charles Malfray, c’est qu’une réelle passion l’anime pour cet artiste mort en 1940. Le galeriste montre ses sculptures en caressant voluptueusement les courbes des femmes et s’enthousiasme en racontant la vie de l’Orléanais. À tel point qu’il parle de « l’énigme Charles Malfray », car comment expliquer autrement le sort d’un sculpteur respecté par ses pairs, ses élèves et la critique de l’époque, puis tombé dans un oubli le plus total.
Né en 1887, Charles Malfray connaît le destin d’un artiste maudit. Combattant durant la Première Guerre mondiale, il est gazé à plusieurs reprises. De retour du front, il évoque les traumatismes de la guerre. Le Silence, de 1918, aurait même été conçu dans les tranchées, creusé sur sa boîte de médicaments en bois, avant d’être réalisé en plâtre puis agrandi en bronze. On y voit déjà son penchant pour les formes massives, simplifiées, pleines et rigoureuses. Il représente par la suite de délicates cariatides comme la Femme assise aux bras levés de 1919, puis de généreux nus féminins qu’il intitule La Vérité ou Les Deux Nageuses.
L’autre grand drame de la vie de Malfray est le refus que lui oppose la ville d’Orléans pour son monument aux morts. Parce qu’il s’éloigne du traditionnel poilu entouré de figures allégoriques et exhibe un soldat complètement nu, il fait scandale. Circonstance aggravante, il traite la figure humaine de façon géométrique, se faisant taxer de style germaniste. Dix ans durant, il se bat pour faire accepter ce travail, et sa production pâtit de ce combat. Aristide Maillol lui cède alors son poste de professeur à l’Académie Ranson.
En 1937, peu avant sa mort, une commande pour le Palais du Trocadéro vient ponctuer sa carrière. Le Printemps, toujours présent dans le foyer, s’intègre parfaitement au milieu des autres colonnes par son caractère architectural et sa forme dorique.
Trente sculptures, quarante dessins et quelques peintures sont à la galerie, qui prépare par ailleurs le catalogue raisonné de l’artiste. Une vraie redécouverte puisque sa dernière exposition importante eut lieu en 1947 au Petit Palais.

Charles Malfray. Sculptures et dessins, galerie Malaquais, 19, quai Malaquais, Paris VIe, tél. 01 42 86 04 75, du 5 avril au 30 juin 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : L’énigme du sculpteur Charles Malfray

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