Giverny, au rendez-vous des impressionnistes

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 359 mots

Des Américains à Paris. Plus exactement à Giverny. C’est là que s’installèrent dès 1887 une colonie de peintres qui, venus essentiellement d’outre-Atlantique, élirent domicile dans cette bourgade confidentielle devenue fameuse par le truchement involontaire d’un seul, magnétique malgré lui : Claude Monet (1840-1926). Artistiquement central, le village normand de Giverny était géographiquement centré. Situé à mi-chemin d’un segment reliant Paris et Rouen, devenues deux villes indissociables du peintre des Nymphéas, il devint rapidement une oasis septentrionale en vertu de la sédentarisation de son récent cicérone.
Pas de gare ou de cathédrale à Giverny. Mais des saisons, des meules ou des coquelicots, autant de trivialités quotidiennes aptes à soulever ces artistes américains avides de plein air. Ils s’appellent John Leslie Breck, Theodore Robinson ou Frederick Carl Frieseke. Tous s’enthousiasment devant la peinture de Monet qui, inédite, permet de cristalliser des innovations semblables à celles des foyers de Barbizon ou de Pont-Aven. Toutefois, bien qu’en odeur de sainteté, le maître vit en ermite et se tient relativement à l’écart de ce microcosme anglophone installé dans la pépinière de l’Hôtel Baudy.
Bien qu’improvisé épicentre de l’impressionnisme, Giverny est traversé d’influences successives, notamment barbizonienne dès lors qu’il s’agit de rendre compte de l’immensité désolée de la campagne. Rapidement les vues du village, supplantant celles des vastes panoramas champêtres, se suffisent à elles-mêmes. La simple proximité de Monet exalte et crée des émules qui, quand ils ne le pastichent pas, se contentent, tel Robinson avec Le Cortège nuptial, de peindre les amours
solennelles de Théodore Butler avec la belle-fille du maître, Suzanne Hoschedé.
À l’image de Monet, reclus et attentif aux moindres bruissements floraux, les artistes de Giverny restreignent leur champ de vision et s’adonnent à de subtiles variations, faisant du nu un objet d’investigations saisissantes, pour certaines incontournables. Afin de célébrer ses quinze ans, le musée d’Art américain s’est doté des plus belles bougies possibles : quatre-vingt-dix œuvres de trente-six artistes issus de huit nationalités différentes. N’appelait-on pas ce groupe « les luministes américains » ?

« Giverny impressionniste.”ˆ Une colonie d’artistes », musée d’Art américain, 99, rue Claude-Monet, Giverny (27), tél. 02 32 51 94 65, du 1er avril au 1er juillet 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : Giverny, au rendez-vous des impressionnistes

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