Le penchant de Sarkis pour le sculpteur Bourdelle

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 354 mots

La Vierge à l’offrande (1923) de Bourdelle qui dresse sa monumentale figure dans le grand hall du musée éponyme doit se demander ce qui se passe. Invité de ce dernier, Sarkis y a tendu un immense vélum de couleur orange rabaissant le plafond de moitié et encerclant les grandes sculptures qui s’y trouvent. Le Centaure mourant (1914) dont la tête penchée affleure le voile sait, en revanche, ce qu’il en est : c’est lui qui a inspiré l'intervention de l’artiste sur le mode de l’« inclinaison ».
Depuis qu’elle a pris les rênes du musée, Juliette Laffon y développe un programme très prospectif d’invitation d’artistes contemporains. Une façon intelligente de nourrir notre regard sur les relations entre art moderne et art vivant. Après celles de Rutault ou de Pariente, la prestation de Sarkis en est une nouvelle illustration. L’artiste s’immisce dans l’univers si particulier de ce lieu en marquant le territoire d’interventions subtiles et pertinentes, à l’instar de celle du grand hall.
Ici, c’est un petit film vidéo en boucle sur le thème d’Au commencement, la lumière qui irradie l’espace et que regarde un lot de figures de Bourdelle discrètement placées par Sarkis dans une vitrine, têtes tournées vers l’écran. Là, ce sont divers objets extraits de son fameux « trésor de guerre » qui viennent faire écho aux traces encore vives de l’atelier du maître de céans. Là encore, c’est l’une de ses figures drapées que Sarkis pose simplement au sol, entourée d’un tissu coloré, révélant par là même la force dynamique de la sculpture.
Dans les quatre salles en enfilade qui font le cœur battant du musée, Sarkis a disposé en ligne quarante et une bombes d’aquarelles et leurs sucriers sur quatre tables de bois aux lignes épurées. Hommage de l’artiste à la couleur et à cet exercice pictural qui lui est si cher et dont il multiplie volontiers les ateliers nomades. Une façon aussi d’animer ce lieu d’une matière fluide et colorée qui opère comme un flux virtuel, nécessaire et vital.

« Sarkis inclinaison », musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, Paris XVe, tél. 01 40 26 77 94, jusqu’au 3 juin 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : Le penchant de Sarkis pour le sculpteur Bourdelle

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