Monaco s’offre un ultime moment de Grace

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 801 mots

Vingt-cinq ans après son tragique accident, Grace Kelly continue d’incarner la beauté et l’élégance. Elle demeure également celle qui renonça à Hollywood pour devenir une mère.

Le 14 septembre 1982, la princesse Grace de Monaco disparaissait dans un tragique accident de voiture, plongeant une foule de Monégasques et d’admirateurs, cinéphiles ou non, dans la douleur… Un quart de siècle plus tard, le fantôme de celle qui fut mannequin, actrice, icône glamour, princesse, mère de famille, mais aussi passionnée de danse et de poésie hante encore de sa silhouette diaphane les mémoires…
Présentée cet été au Grimaldi Forum de Monaco, une ambitieuse exposition tente de dévoiler les multiples facettes d’une existence bien plus complexe qu’il n’y paraît. « Au fond l’œuvre d’art, c’est la vie de Grace  », résume poétiquement son commissaire, le très proustien Frédéric Mitterrand…

Cooper, Gable, Hitchcock… une star parmi les étoiles du cinéma
Car que sait-on vraiment de la personnalité mystérieuse et opaque de cette fille d’émigrants irlandais catholiques née à Philadelphie le 12 novembre 1929, soit l’année de la fameuse crise ? Son grand-père incarne à lui seul le « rêve américain », partant de très peu pour édifier, « brique par brique », son entreprise de construction. Son père, le très sévère John B. Kelly, accroît davantage encore la fortune familiale, tout en remportant à deux reprises le championnat olympique d’aviron, au début des années 1920. D’origine prussienne, sa mère élève ses quatre enfants dans un esprit de rigueur et de morale. Deuxième de cette fratrie, Grace montre très jeune des dispositions poétiques, sans doute encouragée par la figure littéraire de son oncle, George Kelly, qui remporta le prestigieux prix Pulitzer…
Éduquée au couvent des dames de l’Assomption de Philadelphie, la jeune fille s’oppose cependant aux souhaits de sa famille : âgée d’à peine dix-sept ans, elle affirme sa vocation de comédienne. Dès lors, elle n’a de cesse de poser pour les publicités et les magazines afin de payer ses cours d’art dramatique à New York. Son talent, sa grâce et sa beauté feront vite le reste…
On la voit apparaître en 1951 dans Fourteen Hours, son premier film, alors qu’elle n’a que vingt-deux ans. L’année suivante, elle décroche le premier rôle aux côtés de Gary Cooper dans ce magnifique western romantique qu’est High Noon (Le train sifflera trois fois). Sa carrière prend désormais des allures de fulgurance. Sous contrat avec la MGM, Grace enchaîne en l’espace d’une demi-décennie une dizaine de films, parmi lesquels le très exotique Mogambo tourné chez les Massaï avec Clark Gable et la volcanique Ava Gardner qui deviendra son amie.
Si elle obtient en 1954 un oscar pour son rôle à contre-emploi dans Country Girl (Une fille de la province), elle entre dans la légende en tournant avec le grand Alfred Hitchcock qui signe avec sa blonde égérie trois véritables chefs-d’œuvre : Dial M. for Murder (Le crime était presque parfait), Rear Window (Fenêtre sur cour), To Catch a Thief (La Main au collet).
« Hitchcock a été le premier à l’avoir vraiment regardée », aime souligner Frédéric Mitterrand, évoquant l’extraordinaire rapport qu’entretenait Grace avec la caméra et les photographes. « Cette jeune femme que l’on disait conventionnelle se prêtait admirablement à ce jeu avec Hitchcock qui la mettait en scène avec ses propres fantasmes, n’hésitant pas en faire une meurtrière, une folle, voire à la découper en morceaux. »

Devenue princesse, Grace Kelly ne jouera plus l’actrice
En épousant le 19 avril 1956 le prince Rainier de Monaco, la trouble et sensuelle actrice hollywoodienne allait définitivement écrire une nouvelle page de son destin. Renonçant au cinéma (même si elle tourna des films familiaux à usage privé où l’on décèle une véritable « patte hitchcockienne »), la princesse se partage dès lors entre l’éducation de ses trois enfants et ses activités dans les domaines humanitaires et culturels.
De la résurrection des Ballets de Monte-Carlo aux récitals de poésie en Angleterre et aux États-Unis, de ses tableaux de fleurs séchées aux liens tissés avec quelques-unes des plus grandes personnalités de ce siècle (de Maria Callas à Frank Sinatra, de Chagall à Andy Warhol), son activité est féconde. Mais c’est dans son amour des décors et des bals que Grace se montra la plus poétique et la plus créative, véritable « reine de l’éphémère » pour reprendre les mots inspirés de Frédéric Mitterrand…

Biographie

1929 Naissance de Grace Kelly à Philadelphie dans une famille catholique aisée, d’ascendance irlandaise. 1947 Étudiante en art dramatique à New York. 1952 Un an après son premier film, elle devient la partenaire de Gary Cooper dans Le train sifflera trois fois. 1954 Oscar de la meilleure actrice pour Une Fille de la province. 1956 Abandonne sa carrière pour se marier avec le prince Rainier de Monaco, rencontré un an auparavant lors du Festival de Cannes. Naissance de Caroline et d’Albert en 1957 et 1958. 1965 Naissance de Stéphanie. 1982 Sa mort prématurée des suites d’un accident de voiture plonge les Monégasques dans la stupeur.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Monaco s’offre un ultime moment de Grace

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