Nouvelle topographie de l'art américain

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 393 mots

 Le musée de Sérignan révèle cet été rien de moins que le nouveau visage de l’art nord-américain alors qu’il est encore quasiment inconnu en France. Quarante jeunes espoirs, pour la grande majorité nés après 1970, sont rassemblés dans ce show itinérant par la crème des commissaires internationaux : Hans-Ulrich Obrist, actuel codirecteur de la Serpentine Gallery de Londres, Daniel Birnbaum à la tête de l’Académie des Beaux-Arts de Francfort (également commissaire d’« Airs de Paris » à Beaubourg) et Gunnar Kvaran, directeur du musée d’Art moderne d’Oslo.
C’est dans cette ville qu’a démarré l’itinéraire impressionnant de cette manifestation qui est passée ou passera par New York, Reykjavik, Prague, Londres, Pékin, Varsovie et Sérignan. Un joli coup de poker pour le musée de la petite ville nichée dans l’arrière-pays biterrois qui mise sur cette présentation résolument prospective. En effet, après des mois de prospection à travers les États-Unis, sans se cantonner aux pôles évidents que sont New York et Los Angeles, l’équipe de commissaires a ramené mille dossiers dont ils ont gardé au final quarante heureux élus.
Peu de peintures dans tout cela, mais un réel éclectisme de formes et de médiums qui donne un nouveau visage à l’art US. Certes, celui-ci est toujours féru de culture populaire sans cesse remise sur le gril comme en témoignent les œuvres d’Edgar Arceneaux, Mike Bouchet ou Wade Guyton, mais il n’hésite pas non plus à développer une critique sociopolitique coriace. Une artiste comme Shannon Ebner plonge ainsi dans les problèmes de pollution et d’environnement via des interventions dans le paysage qu’elle photographie. Paul Chan et ses dessins animés assènent une critique violente aux logiques guerrières de l’Amérique tandis que Matthew Day Jackson s’immerge dans les eaux troubles du colonialisme américain et du génocide indien.
Imprégnée par cette conscience aiguë du monde qui les entoure, réel et artistique, l’exposition ménage heureusement des petits moments à part avec le film de Miranda July, les dérives gothiques d’Anthony Burdin et l’émouvante épopée sportive de Shane Huffman : nager dans une piscine la distance qui sépare la Terre de la Lune. Qui dit mieux ? Uncertain States of America démontre bien un trait commun entre tous ces artistes : la « décomplexion », atout majeur de cette nouvelle scène américaine.

« Uncertain States of America, l’art américain au 3e millénaire », musée de Sérignan, 146, avenue de la Plage, Sérignan (34), tél. 04 67 32 33 05, jusqu’au 9 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Nouvelle topographie de l'art américain

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