Art moderne

Quand l’Amérique se passionnait pour Degas, Monnet et les autres

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 382 mots

Les chefs-d’œuvre impressionnistes débarqués d’Amérique au musée Fabre de Montpellier sont, cet été, les invités du FRAME (French Regional & American Museum Exchange) : un regroupement original de vingt-quatre musées américains et musées régionaux français. Créée en 1999, cette organisation, peu connue, encourage et finance, avec le soutien de fondations privées, les échanges d’œuvres d’art entre collections partenaires.
Avec plus de quatre-vingts œuvres présentées dont une quarantaine venues des États-Unis, l’exposition « L’Impressionnisme de France et d’Amérique » raconte la passion américaine pour le nouveau style et sa lente acception par son pays d’origine. Des deux côtés de l’Atlantique, marchands et collectionneurs téméraires ont diffusé leur vision de la peinture moderne.
Pendant que la critique et le jury du Salon s’acharnent à discréditer les œuvres de Monet, Degas ou Pissarro, le marchand Paul Durand-Ruel expose, dès 1876, les pionniers du groupe impressionniste dans sa galerie parisienne. Dix ans plus tard, le galeriste aventureux ouvrait la première exposition des impressionnistes à New York. Les collectionneurs étant au rendez-vous, il décide d’ouvrir, en 1888, une galerie permanente à New York qui alimentera jusqu’en 1950 le marché américain en œuvres impressionnistes. La plupart des tableaux exposés à Montpellier ont été négociés jadis par la galerie Durand-Ruel. Ensemble, ils rendent hommage au découvreur de talents et au pourvoyeur de chefs-d’œuvre. Durand-Ruel partagea cette double mission avec ses confrères parisiens George Petit et Ambroise Vollard.
Avec quatorze peintures et aquarelles, l’œuvre de Mary Cassatt est quantitativement la plus représentée. Juste retour des choses pour cette artiste franco-américaine qui contribua à faire connaître en Amérique l’art controversé de ses amis peintres. Sa plus belle réussite, dans ce domaine, est son rôle de conseillère auprès du couple Havemeyer qui réunit la plus importante collection d’art français aux États-Unis.
Aujourd’hui conservée au Metropolitan Museum de New York, cette collection concrétise l’idée même de l’ambition du peintre : « Tous les tableaux achetés de manière privée par de riches Américains trouveront un jour le chemin des collections publiques et enrichiront la nation et le goût national. » Preuve de la justesse de ce pronostic : la quantité de chefs-d’œuvre impressionnistes dans les collections américaines, présentés jusqu’au 9 septembre 2007 au musée Fabre de Montpellier.

« L’impressionnisme de France et d’Amérique », musée Fabre, 39, bd Bonne-Nouvelle, Montpellier (34), tél. 04 67 14 83 00, jusqu’au 9 septembre 2007.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Quand l’Amérique se passionnait pour Degas, Monnet et les autres

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