Le Sud à l’assaut du monde

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 31 juillet 2007 - 358 mots

Où ? C’est la question que pose l’exposition de l’été au Carré d’Art, qui opte pour un déroulement géographique des plus délicats. Circonscrire une scène artistique nationale posant déjà questions, en circonscrire trois – Portugal, Espagne, Italie – dans un même petit panier sudiste relève du défi pratique et théorique. L’ambiguïté se loge tout prudemment dans le point d’interrogation du titre relayé dès l’entrée de l’exposition. Tere Recarens y dessine une gigantesque carte du monde inventoriant territoires d’origine et lieux de résidence des artistes présents : ça migre, ça circule et ça se concentre, Berlin surtout, New York ou Los Angeles. S’ensuit une correction par l’artiste espagnole qui opte pour une résidence en Chine en vue d’équilibrer la carte sur son aile orientale.
Artistes migrateurs, pratiques hétérogènes, village global, que reste-t-il de la culture d’origine de chacun ? Pour éviter l’auberge espagnole, l’exposition homogénéise son affaire par des œuvres réfléchissant sur la place de l’homme ici, là-bas et dans son environnement contemporain. De là à dire qu’une telle inflexion domine la production de ces trois pays il n’y a qu’un pas subjectif, assumé par l’exposition.
Le parcours picore, resserré par génération – ils sont jeunes – et par préoccupations – ils ne lâchent guère la figure humaine. À commencer par Diego Perrone, dont le Toto Nudo donne vie à une forme troublante et régressive du corps humain autant que du film d’animation. D’un réalisme numérisé incongru, le personnage se dénude dans un sous-bois, entre gestes primitifs et futurisme déglingué. Ce sont d’ailleurs dans ces écarts-là que la partition de l’exposition se joue le mieux, à l’image de Lara Favaretto, qui, entre fête, magie et menace, installe à l’entrée un grand canon à confettis et qui plus loin, imagine une chorégraphie burlesque de longues bouteilles d’air comprimé actionnant à tour de rôle des langues de belle-mère fixées sur chacune d’elles.
À l’image encore de Paola Pivi qui déplace – avec un jusqu’au-boutisme qui l’honore – un véritable couple de zèbres dans un paysage neigeux. Ou comment prendre le collage à rebours. 

« Où ? Scènes du Sud : Espagne, Italie, Portugal », Carré d’Art, place de la Maison-Carrée, Nîmes (30), tél. 04 66 76 35 70, jusqu’au 23 septembre 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Le Sud à l’assaut du monde

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