Petit Tobiasse illustré

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 274 mots

Sous leurs allures de cahiers, les Carnets de Saint-Paul-de-Vence édités par le sémillant Adam Biro ont tout du « dictionnaire ». Il n’y a pourtant pas de confusion possible entre les deux genres, tant le principe du carnet d’artiste est ici respecté à la lettre. À l’intérieur des cinq albums édités en fac-similé, les dessins se succèdent en effet au fil des jours et des mois, au gré des humeurs du peintre, entre le mois de septembre 1993 et le 19 novembre 2001.
Parfois, une indication de temps précise le moment exact de l’exécution : l’après-midi, le soir très tard, le matin au soleil, à 10 h 00… L’artiste ne se réfère pas pour autant à l’actualité, il semble comme coupé du monde. Du monde en général, mais pas du sien propre ! Car, tout l’univers de Théo Tobiasse, né en Palestine en 1927, est confiné dans ces quelque deux cent cinquante dessins dont les techniques utilisées vont du crayon noir à l’acrylique, du stylo à bille au collage. Tout est là : les femmes massives, la bouteille d’absinthe, le compotier, les trains de déportation… Venise, New York, Jérusalem et Saint-Paul-de-Vence, ces villes si chères au peintre, y ont aussi leur place. L’écriture et la poésie également.
Les citations faites de Picasso, Chagall, Matisse et Miró fusent, parfois trop. Mais il n’est pas lieu (cette fois) d’en tenir rigueur à l’artiste, tant les références sont digérées, assumées. Et l’on appréciera le concentré de création de ces carnets. « Je remplis mes carnets en vidant ma tête », écrit l’artiste à la fin de l’aventure. Un « Tobiasse illustré », en quelque sorte.

Théo Tobiasse, Carnets de Saint-Paul-de-Vence, Adam Biro, coffret de 5 volumes fac-similé, 2007, 200”‰€.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Petit Tobiasse illustré

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque