L’art italien

imposant, mais lacunaire

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 24 juillet 2007 - 365 mots

Avec ces deux nouveaux tomes sur les protagonistes de l’art italien, Hazan trouve une suite à l’édition initiale de 2004 intitulée Du gothique à la Renaissance. Cette fois, il est question d’aller jusqu’au xviiie siècle via le quattrocento et le cinquecento, de Piero della Francesca à Canaletto. Ni préface, ni introduction historique pour ce strict répertoire de monographies qui a les avantages pratiques du manuel : format condensé, prix modique, informations et illustrations abondantes. Une densité qui frôle parfois la surenchère, perturbant sur la durée le confort de lecture.
Mais s’il faut du souffle pour venir à bout de chaque biographie, tant l’analyse de l’œuvre est exhaustive, le propos conserve la forme coulante du récit. Il existe même une certaine proximité avec les Vies de Vasari du xvie, épurées toutefois des anecdotes pittoresques et autres tirades apologétiques.

Une histoire de l’art tronquée
Malgré son apparente universalité, l’édition ne doit pas être confondue avec un dictionnaire de l’art italien, couvrant l’intégralité d’une période artistique. Comme toute anthologie, elle obéit à une logique de sélection, privilégiant certains artistes au détriment d’autres, pourtant tout aussi légitimes. Ainsi, le lecteur pourra se réjouir de la présence de Pérugin, de Carpaccio ou de Léonard de Vinci tout en déplorant l’absence d’Uccello, d’Antonello de Messine, de Corrège, de Parmesan, de Tintoret et des Carrache. Mais il est quand même regrettable (et surprenant !) qu’aucun représentant de la sculpture et de l’architecture, tel Donatello, Brunelleschi ou le Bernin, ne prenne place aux côtés des peintres, si incontournables soient-ils.
On relève également ça et là quelques incohérences de structure. D’un tome à l’autre, le découpage chronologique souffre de retours en arrière et d’une construction artificielle, qui sépare les contemporains Piero della Francesca et Mantegna, Véronèse et Titien.
Parti pris ou contraintes éditoriales, ces maladresses formelles nuisent à la lisibilité d’une période, que la segmentation par auteur rend déjà complexe à appréhender. Les deux volumes n’en restent pas moins des publications de qualité, au contenu historique irréprochable, dont le premier intérêt est d’offrir un florilège de trois siècles de peinture italienne. L’édition d’un quatrième tome pourrait même en atténuer les petites faiblesses.

Collectif, De la Renaissance au xviiie siècle, tome 3, Hazan, 2007, 640 p., 24 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : L’art italien

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