Dossier

Abstraction

Symbolistes, impressionnistes,
néo-impressionnistes, les artistes n'ont cessé au cours du XIXe siècle de pousser plus loin l'effacement du sujet, jusqu'à le dissoudre dans un environnement formel et chromatique. Les peintres cubistes ont poursuivi dans la même direction, mais avec d'autres armes, leurs \"défragmentations\" du réel ouvrant incontestablement la voie à une nouvelle esthétique. Encore fallait-il dépasser la représentation mimétique. Certains l'ont vécu comme une révélation, à l'instar de Kandinsky qui a amplement relaté sa découverte de l'un de ses tableaux à l'envers, saisi qu’il fut par le rayonnement intérieur de cette \"œuvre par accident\". Il est ainsi passionnant de revenir, comme le propose aujourd'hui le Musée d'Orsay, sur la genèse de l’abstraction, l'une des révolutions esthétiques majeures du XXe siècle.
Mais, après avoir révolutionné la peinture, l'abstraction est devenue une norme, défendue par des armées d'iconoclastes des Temps modernes, lançant une nouvelle querelle des images qui a notamment fait rage dans les années 1950. Loin de ces combats aux arrière-pensées parfois plus politiques qu'esthétiques, les jeunes artistes réinterrogent aujourd'hui un langage qui se situe au-delà des époques et des dogmes. Pis, c'est bien souvent par le truchement d'une représentation du réel que certains enfilent le costume de l'artiste abstrait. Et, comme les cycles ont l'heur de se répéter, de peintures en vidéos, il est une évidence : l'abstraction a définitivement recouvré une seconde jeunesse !

Philippe Régnier


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