Colloque

Archéologue d’esclaves

Par Thomas Bizien · Le Journal des Arts

Le 25 avril 2012 - 370 mots

L’histoire fluctue au rythme des recherches qui la fonde. Celles qui portent sur la traite des esclaves connaissent depuis une dizaine d’années un engouement important, et apportent des informations nouvelles sur ce passé sombre de l’humanité.

L’histoire fluctue au rythme des recherches qui la fonde. Celles qui portent sur la traite des esclaves connaissent depuis une dizaine d’années un engouement important, et apportent des informations nouvelles sur ce passé sombre de l’humanité. Mais comment documenter cette période alors que les sources textuelles proviennent essentiellement de ceux qui exercèrent la domination, États, négriers ou propriétaires ? L’archéologie peut venir à l’aide des historiens. Déjà engagé par l’exposition « L’invention du sauvage » dans l’analyse des processus de domination, le Musée du quai Branly invite une trentaine d’universitaires à partager leurs découvertes en matière d’archéologie de l’esclavage colonial, des origines du commerce triangulaire à son abolition. Sur trois jours, ce colloque fédère les recherches d’experts internationaux parmi les plus actifs à écrire cette histoire globale. À partir de fouilles récentes au Brésil, en Afrique, à Cuba, à La Réunion et à l’île Maurice, ils confrontent leurs points de vue sur ce qu’a pu être la condition d’esclave.

Divisé en cinq thématiques, le colloque présente dans sa première demi-journée l’état des lieux de l’archéologie de l’esclavage colonial. Sous la houlette de Françoise Vergès, cette séance fait le point sur les enjeux de sa conservation et les moyens à investir avant que ces vestiges, le plus souvent subaquatiques, ne finissent inéluctablement par disparaître. En application de cas, Laurella Rinçon, présente des navires négriers coulés, tel le Meermin, échoué au large de Madagascar après que les Noirs en prirent le contrôle. Les autres séances reviennent plus particulièrement sur les conditions de vie des esclaves sur terre ferme, leurs habitats, l’organisation de leurs camps, et l’émergence des villes qui en résultèrent. Les focus de la dernière demi-journée s’intéressent au marronnage, ainsi qu’aux rites d’inhumation et à l’archéologie des cimetières d’esclaves. C’est par ces derniers que l’on peut approcher d’une manière scientifique l’état sanitaire des défunts, leur âge, leur sexe et estimer leur nombre.

ARCHEOLOGIE DE L’ESCLAVAGE COLONIAL, du 9 au 11 mai de 9h30 à 17h30 au Musée du quai Branly, théâtre Claude Levi-Strauss, Entrée libre

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Archéologue d’esclaves

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