Profession

Métier recherche formation

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 25 avril 2012 - 758 mots

Peu de formations spécifiques préparent véritablement au métier de scénographe. Celles liées au théâtre sont historiquement les premières. Un master spécialisé à Metz a cependant vu le jour.

 «Il n’existe pas de vraie formation. Comme les psychanalystes, il suffit de s’installer à son compte pour se décréter scénographe ». Un peu abrupte, la remarque d’un professionnel ayant pignon sur rue ne manque pas d’à propos, tant elle est révélatrice de la très grande hétérogénéité de ce champ professionnel récent. Les retours d’expérience des scénographes interrogés, qu’ils soient décorateurs de théâtre, architectes, architectes d’intérieur ou plasticiens, confirment à quel point les profils sont divers (lire p. 20 et 21). Les voies menant à ce métier, au demeurant peu nombreuses, relèvent logiquement d’un même éclectisme. Historiquement, plusieurs formations se sont toutefois imposées, toutes liées aux arts de la scène. C’est le cas à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt) de Lyon, l’ancienne école de la Rue Blanche à Paris, décentralisée dans la capitale des Gaules en 1997. Celle-ci forme toujours une vingtaine de scénographes par promotion (trois ans). Preuve d’un certain décloisonnement, l’un des responsables du département est architecte de formation. Les effectifs sont plus réduits au sein de l’École du Théâtre national de Strasbourg (TNS) où la promotion d’une douzaine d’élèves compte de deux à quatre élèves scénographes-costumiers, dans une logique d’interdisciplinarité avec les autres métiers de la scène. Logiquement tournée vers le cinéma, la Femis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) propose un équivalent consacré à l’art des décors.
Alors que de nombreux scénographes sont désormais architectes, peu d’écoles nationales supérieures d’architecture (Ensa) dispensent toutefois un enseignement spécifique. « Un enseignement a existé, autour des architectures éphémères et de la scénographie, mais, comme le design, il a souvent disparu avec la réforme LMD scar il fallu se recentrer sur l’architecture », explique Jérôme Habersetzer, architecte et muséographe. « Dans un parcours d’étudiant, chacun y est sensibilisé à un moment ou à un autre, dès lors qu’il s’agit de marier art et architecture », note toutefois l’architecte Réza Azard, de l’agence Projectiles. Une formation, ouverte à des étudiants titulaires, au minimum, d’un diplôme de deuxième cycle dans les domaines de l’architecture, des disciplines artistiques et de l’histoire de l’art – ou à des professionnels justifiant d’une expérience reconnue –, perdure toutefois à l’Ensa de Nantes, dans le cadre d’un DPEA (diplôme propre aux écoles d’architecture). Elle laisse aussi une large place aux questions liées au théâtre.

Quelques rares formations spécialisées
De leur côté, quelques rares écoles d’art dispensent une formation spécifique. C’est le cas de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), à Paris, la première à s’être ouverte à cette discipline, qui privilégie elle aussi une approche par le théâtre, tout en proposant des ateliers liés à la scénographie d’exposition. Idem à l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg ou encore au Pavillon Bosio, école supérieure d’art de la Ville de Monaco, où, depuis 2004, l’enseignement est exclusivement consacré à la scénographie. Mais c’est à Metz qu’existe aujourd’hui la formation la plus atypique. Monté en 2005 grâce à un partenariat entre l’université de Lorraine et l’École supérieure d’art de Lorraine (Esal), un master permet de décrocher un double diplôme, de niveau bac 5, avec possibilité de doctorat. Au-delà de la spécificité de cet enseignement, qui associe technique et théorie mais aussi expérience professionnelle, dans le cadre de stages de longue durée, c’est aussi une différence d’approche de la scénographie qui est ici revendiquée. « Nous privilégions une idée de porosité entre les métiers du musée, entre conservateurs, commissaires d’exposition, scénographes ou designers », explique Claire Lahuerta, coresponsable de ce master professionnel « Arts de l’exposition et scénographies », « nous défendons l’idée d’auteurs scénographes, en considérant la scénographie comme un projet artistique mené en partenariat avec le commissaire, sans idée de hiérarchisation entre ces différentes fonctions ». Des collaborations fructueuses ont déjà été engagées avec le Centre Pompidou Metz mais aussi avec plusieurs centres d’art de la région. « Ce concept de scénographie plasticienne n’est pas forcément accepté partout, concède Claire Lahuerta, car certains préféreraient cantonner les scénographes à un rôle de technicien, même à un niveau bac 5 ! ». Le master rencontre toutefois un véritable succès auprès des impétrants, dont de nombreux architectes diplômés mais aussi des étudiants issus des filières de muséologie, y compris à l’étranger. Conséquence logique : la sélection d’entrée y est de plus en plus est rude.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Métier recherche formation

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