Architecture

XXe siècle

L’avenir du Parc des Princes

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2012 - 544 mots

PARIS

Les projets du club de football de la capitale se heurtent à une modernisation - contestable - du monument de béton.

PARIS - Appréciée ou décriée, la coquille de béton du stade du Parc des Princes, caractéristique de l’architecture des « trente glorieuses », verra-t-elle sa silhouette se transformer au cours des prochaines années ? Ira-t-elle jusqu’à se dissoudre totalement dans un nouveau projet architectural, comme le laisse entendre, depuis janvier, une rumeur savamment distillée ? Propriété de la Ville de Paris, le stade fait l’objet de projets de modernisation tous azimuts depuis le rachat, finalisé en mars, de son club de football hôte, le Paris Saint-Germain (PSG), par le fonds d’investissement Qatar Sports Investments (QSI). Désormais présidé par Nasser Al-Khelaifi, proche de la famille princière du Qatar et dirigeant d’Al Jazeera Sport, le club parisien veut renouer avec l’ambition des grandes équipes, en vue notamment de l’Euro 2016. Or il se trouve trop à l’étroit dans son stade de 47 000 places. Inauguré en juin 1972 par Georges Pompidou, le Parc des Princes a en effet été contraint dès l’origine à une – très relative – modestie de son emprise, du fait de son emplacement intra-muros en surplomb du boulevard périphérique, au niveau de la porte de Saint-Cloud. Son architecte, Roger Taillibert, avait alors opté pour une pente vertigineuse des gradins afin d’augmenter au maximum la capacité du stade. D’où cette atmosphère de « chaudron » qui en fait aussi l’une des arènes sportives les plus prisées des amateurs.

Ce volume est désormais insuffisant aux yeux des nouveaux dirigeants du club, qui brandissent la menace d’un départ du Parc des Princes. Des places doivent en effet disparaître en raison de la création, au sein des tribunes, de nouvelles loges et d’espaces de privatisation, faisant ainsi retomber la jauge à 42 000 places. Ce qui explique l’idée de se lancer dans une opération de démolition-reconstruction, projet rejeté pour le moment par la Ville de Paris, son propriétaire. « Aujourd’hui la meilleure solution n’est pas de démolir le Parc des Princes, plaide Jean Vuillermoz, adjoint aux sports du Maire de Paris. D’une part parce que ce chantier prendrait au moins dix ans, d’autre part parce qu’il s’agit d’un très beau stade et d’un monument pour Paris. » La stratégie de la Ville, qui se casse déjà les dents sur l’agrandissement du stade Roland-Garros (lire le JdA no 365, 16 mars 2012, p. 8), est simple : le site actuel ne permettant pas d’envisager la construction d’un stade de plus de 60 000 places, mieux vaudrait s’atteler à dégager des espaces dans la configuration actuelle du Parc. D’où le projet de recomposition des gradins, sur le modèle des stades britanniques, par l’abaissement de la pelouse – sachant que le périphérique passe au-dessous –, ceci en prévoyant de redessiner la couverture annulaire par une casquette protégeant ces nouvelles places. Soit des travaux censés modifier l’architecture existante a minima, sans altérer l’œuvre de Roger Taillibert.Considéré unanimement lors de sa construction comme une prouesse architecturale avec ses porte-à-faux de 48 mètres et ses voussoirs en béton précontraint, ce monument demeure paradoxalement dépourvu de toute protection juridique au titre des monuments historiques. La balle est désormais dans le camp du club de football. Réponse attendue avant le mois de juin.

Légende photo

Vue aérienne du Parc des Princes , inauguré en 1972 - © photo A. Grondeau

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : L’avenir du Parc des Princes

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