Profession

Le guide-conférencier est né

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2012 - 551 mots

Carte professionnelle unique et filière spécifique : un seul métier répondra désormais aux besoins.

PARIS - Conduire des visites-conférences dans des lieux patrimoniaux, des musées ou dans le cadre d’expositions temporaires. Pour les jeunes diplômés en histoire de l’art ou en histoire, les métiers du « guidage » constituent un débouché professionnel naturel, même s’il demeure souvent précaire et peu lucratif. Jusqu’à présent, les candidats devaient toutefois réussir à s’orienter dans le maquis de ces professions pourtant réglementées par le ministère du Tourisme. Cela afin d’obtenir une carte professionnelle, précieux sésame permettant d’exercer un droit de parole dans les sites patrimoniaux. Quatre professions réglementées existaient : « conférencier national », « guide-interprète national », « guide-interprète régional » et « guide-conférencier des Villes d’art et d’histoire ».

Un cursus spécifique
Une récente réforme, fruit de trois années de négociations entre les instances du Tourisme, de la Culture et de l’Enseignement supérieur (1), entrée en vigueur le 31 mars, a changé radicalement les choses en créant une seule profession, celle de « guide-conférencier ». Les professionnels seront désormais détenteurs d’une carte unique. Ou presque. Les conférenciers nationaux, soucieux de maintenir un niveau de recrutement de master, ont en effet obtenu que plusieurs mentions spécifiques y figurent, avec une estampille « Culture » ou « Tourisme ». Les détenteurs des quatre types de cartes préexistants ont désormais jusqu’au 31 mars 2013 pour convertir leur document auprès de la préfecture de délivrance de la carte d’origine, les démarches n’étant pas automatiques. Les différents concours, dont certains étaient organisés au niveau régional (guide-interprète régional et guide-conférencier des Villes ou Pays d’art et d’histoire) et d’autres sur le plan national (conférencier national) – ce dernier en partenariat avec le ministère de la Culture –, sont également supprimés.

L’habilitation se fera désormais par le biais d’une certification obtenue dans le cadre d’un cursus spécifique, suivi à l’Université ou dans quelques établissements supérieurs, d’un niveau au moins égal à la licence professionnelle ou au diplôme de master 1. Les professionnels y voient une garantie de professionnalisme, en mettant davantage l’accent sur les compétences en termes de médiation. L’École du Louvre, qui a toujours été un vivier de conférenciers nationaux destinés aux musées, devrait notamment proposer une formation spécifique, en partenariat avec la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN-GP). Très sélective, cette dernière demeure un gros employeur de conférenciers avec quelque cent onze professionnels en contrat à durée indéterminée, soit une exception, la plupart des professionnels exerçant avec un statut de vacataire ou de travailleur indépendant.

Si la réforme a le mérite de clarifier une situation jusqu’à présent confuse, elle suscite encore quelques interrogations quant à sa mise en œuvre. Il faudra en effet préciser si les recrutements des étudiants se feront en fonction des besoins du marché du travail, auquel cas des quotas devront être mis en place pour l’accès à ses formations. Cela alors que l’ouverture de cette nouvelle filière, attendue pour la rentrée prochaine, risque de susciter un afflux massif de candidats, le dernier concours de conférencier national s’étant tenu en 2009.

Note

(1) réforme des « professions réglementées du guidage » du 23 décembre 2010, décret du 1er août 2011 relatif aux personnes qualifiées pour la conduite de visites commentées dans les musées et monuments historiques et arrêté du 9 novembre 2011 précisant les compétences requises.

Légende photo

La Pyramide du Louvre - 2012 - © photo Ludosane

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : Le guide-conférencier est né

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