Photographie - Vol

Focus : Alphonse Bertillon (1853-1914), « Vincenzo Perugia » (1909)

ESTIMÉE 1 500 À 2 000 EUROS, LE 15 MARS À L’ESPACE TAJAN, PARIS - SVV TAJAN

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 28 février 2012 - 513 mots

Le 21 août 1911, au Musée du Louvre, la célèbre Joconde de Léonard de Vinci, est dérobée. On retrouve la boîte vitrée et le cadre du tableau dans un escalier du musée. Le criminologue Alphonse Bertillon, inventeur de la méthode du fichage anthropométrique, est envoyé sur place pour relever les moindres détails permettant de confondre le coupable. PAR ARMELLE MALVOISIN

« Le système de Bertillon utilise la photographie de face et de profil. Il réduit le portrait de police à une fonction proprement signalétique et mettra la photographie au service de la surveillance sociale. De 1885 à 1914, l’application d’une nouvelle législation contre la récidive, conduit à mesurer, photographier, ficher plus d’un demi-million d’individus, rapporte Jean-Mathieu Martini, expert en photographies. Cette méthode sera aussi mise en place pour la surveillance des étrangers en France et ce dès 1893, complétée par un catalogue des individus faisant l’objet d’une expulsion. En 1912, un système d’identification des nomades est créé, rendant obligatoire pour ces derniers la détention d’un carnet anthropométrique d’identité. »

Au Louvre, Alphonse Bertillon découvre une empreinte de pouce sur la vitre abandonnée et décide de relever les empreintes digitales des 257 employés du musée. L’analyse des dactylogrammes ne donne aucun résultat. Ce vol est en fait l’œuvre de l’Italien, Vincenzo Perugia, un ouvrier ayant participé à la mise sous verre des tableaux les plus importants du musée qui voulait, par patriotisme, restituer l’œuvre italienne à son pays. Pendant deux ans dans sa chambre à Paris, il conserve le tableau, caché dans le double fond d’une valise sous son lit. Perugia, qui travaillait sur les lieux du vol au moment des faits, passa au travers des mailles du filet. Pourtant, il était déjà fiché selon la propre méthode de Bertillon deux ans auparavant. Cette photographie d’identité judiciaire datant de 1909 est mise en vente chez Tajan, le 15 mars, pour 1 500 euros.

De retour en Italie en 1913, Perugia est dénoncé par un antiquaire de Florence à qui il essayait de vendre le tableau, puis arrêté en décembre 1913 dans la chambre de son hôtel florentin, rebaptisé par la suite hôtel La Gioconda (La Joconde). Il est condamné en Italie à seulement un an de prison, tandis que La Joconde est restituée à la France et retrouvera sa place au Louvre le 4 janvier 1914, sous une surveillance accrue. « La photographie n’ayant pas rempli son rôle dans le premier acte de cette affaire, elle aura toutefois un usage des plus intéressants lors de l’acte final, explique Jean-Mathieu Martini. La peinture retrouvée dans la chambre de Perugia à Florence sera identifiée comme étant l’œuvre authentique de Vinci grâce à une photographie prise par le studio Adolphe Braun au XIXe siècle. La méthode d’identification employée sera décrite dans le journal L’Illustration peu de temps après l’arrestation de Perugia. »

ALPHONSE BERTILLON (1853-1914)

Titre : Vincenzo Perugia
Date : 25 janvier 1909 et numéroté 378 699
Technique : Épreuve argentique originale, non montée
Dimensions : 12,3 x 7,4 cm
Expert : Jean-Mathieu Martini
Estimation : 1 500 à 2 000 euros

Vendu 3 824 euros

Légende photo

Alphonse Bertillon, Vincenzo Perugia (le voleur de la Joconde en 1911), photographie d''identité judiciaire de 1909, épreuve argentique originale, non montée, 12,3 x 7,4 cm, estimation : 1 500 - 2000 euros, vente du 15 mars, SVV Tajan. © SVV Tajan.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°364 du 2 mars 2012, avec le titre suivant : Focus : Alphonse Bertillon (1853-1914), « Vincenzo Perugia » (1909)

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