Focus : Mathieu Gosselin, Montre Renaissance

ESTIMÉE 50 000 A 65 000 EUROS, LE 27 FÉVRIER, MORLAIX - SVV DUPONT & ASSOCIÉS

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 février 2012 - 518 mots

À l’occasion d’un inventaire de succession, a été mise au jour une montre de la Renaissance, rarissime par sa forme de trèfle, qui sera vendue à Morlaix (Finistère) le 27 février par la maison de ventes Dupont.

Cette montre inédite signée Mathieu Gosselin à Rennes vers 1665, soit avant l’apparition du spiral réglant (inventé par le Hollandais Christiaan Huygens en 1675), a vraisemblablement été fabriquée pour un client aisé de l’époque. Le mouvement mécanique est également de forme trilobée. Le cadran en émail est orné d’une scène d’angelots dénudés soutenant deux guirlandes de fleurs de couleur. « Le dessin, les couleurs et les carnations de l’émail nous font rapprocher cette production de l’atelier de Pierre Ier Huaud, peintre en émail », précise l’expert Marc Voisot. Le cadran horaire, sur fond vert, porte des chiffres romains pour les heures et une seule aiguille des heures en acier bleui. Sur fond émaillé vert, le dos et le tour de la boîte sont décorés de grilles en or finement ciselées, ajourées et gravées de motifs de fleurs en bouton et de mascarons représentant dans l’ensemble une allégorie du printemps.

La production horlogère de Mathieu Gosselin n’est pas connue. « C’est pour l’instant la seule montre que l’on connaisse de lui, souligne l’expert. On ne connaît pas non plus à ce jour d’autre montre de cette forme. » Pour la même époque, il en existe en forme de croix, de coquille Saint-Jacques, de memento mori ou de carré. Cette dernière forme est peu courue. Il existe une rare montre carrée conservée au Musée national de la Renaissance à Écouen, laquelle a été réalisée par l’horloger Pierre de Baufre à la même époque que celle en forme de trèfle. Elle présente également un décor peint non religieux avec des teintes d’émaux similaires ainsi qu’un décor de résille d’or ajourée sur fond émaillé translucide vert.

L’état de conservation de cette montre est remarquable, tant au niveau des « ciselures de la boîte, qui ont gardé le croustillant des motifs, que pour le mouvement qui n’a souffert d’aucune tentative de restauration maladroite ou malvenue. Quant au cadran, l’émail est immaculé et les couleurs sont restées fraîches, indique l’expert. C’est ce que l’on appelle une montre de coffre-fort, restée dans sa boîte sans avoir été démontée ni nettoyée depuis plus de cent cinquante ans, et transmise depuis la seconde moitié du XIXe dans la même famille par héritages ». Sur une estimation basse très raisonnable de 50 000 euros, cette montre pourrait séduire une institution française ou étrangère.

Montre en forme de trèfle

Horloger : Mathieu Gosselin
Lieu d’exécution : Rennes
Date d’exécution : vers 1665
Technique : mouvement mécanique à balancier annulaire
Matériaux : boîte à structure en laiton doré au mercure, plaques d’or émaillées recouvertes d’une résille en or ciselée, ajourée et gravée, cadran en émail peint
Décor : attribué à Jacques Vauquer, graveur à Blois, pour la ciselure, et à l’atelier de Pierre Ier Huaud pour les émaux peints
Dimensions : 4,7 x 4 x 1,5 cm
Poids brut : 54,6 grammes
Expert : Marc Voisot
Estimation : 50 000 à 65 000 €

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°363 du 17 février 2012, avec le titre suivant : Focus : Mathieu Gosselin, Montre Renaissance

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