Autriche

Le Liechtenstein à l’économie

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2012 - 542 mots

Abritant parmi les plus belles pièces des collections princières du Liechtenstein, le Gartenpalais à Vienne ne rencontre pas le succès public escompté. Confronté à des frais de fonctionnement trop élevés, le Prince du Liechtenstein a décidé de restreindre l’accès du musée aux groupes et aux réceptions.

VIENNE (AUTRICHE) - Le Liechtenstein Museum vient de fermer ses portes au grand public, sur décision du Prince du Liechtenstein d’en limiter l’accès. Le Gartenpalais (palais d’été) n’acceptera désormais que des réservations de groupes et des réceptions. Si le Prince Hans-Adam II a dépensé des dizaines de millions d’euros pour ses collections, faisant du Liechtenstein Museum le plus ambitieux d’Europe en termes d’acquisitions, les frais entraînés par une ouverture publique cinq jours par semaine, sont trop élevés.

Fondé en 1807, le Gartenpalais est l’un des plus anciens musées de Vienne. Il avait rouvert ses portes en 2004, après soixante ans de hiatus, et avait accueilli 168 000 visiteurs cette année-là. Mais les chiffres de fréquentation n’ont jamais décollé ; en 2011, ils n’étaient que 45 000. « Les désavantages de la situation ont été mésestimés », explique une porte-parole. Le Gartenpalais est situé près du centre historique de Vienne, mais en dehors du Ringstrasse, ce qui décourageait  les touristes. La compétition avec les autres institutions est d’autant plus rude que les expositions au Gartenpalais sont basées sur la collection permanente : « Les expositions temporaires grand public étaient au-dessus de nos moyens, et nous n’avions pas les ressources pour de grandes campagnes de promotion », poursuit-elle.

La fortune princière décourage le mécénat
Le prix d’entrée de 12 euros équivaut à celui de l’Albertina et du Kunsthistorisches Museum. Mais la billetterie n’a rapporté que 500 000 euros en 2011. Aussi le musée coûte-t-il plusieurs millions au prince chaque année, une partie des frais de fonctionnement seront maintenus malgré la fermeture partielle. La fortune du prince a également joué en défaveur du musée qui n’a pas réussi à attirer du mécénat. À la tête du patrimoine de plus de 3 milliards d’euros, le prince aurait pu continuer à subventionner le musée, lequel offre une belle vitrine sur la principauté du Liechtenstein et son commerce principal, la banque familiale LGT Bank. La rénovation du Stadtpalais (le palais de ville) à Vienne (d’un budget total de 90 millions d’euros) devrait s’achever au printemps 2013 : le bâtiment accueillera des bureaux pour la banque d’une part, et la collection Biedermeier du prince y sera présentée d’autre part. Comme le Gartenpalais, le Stadtpalais ne sera ouvert qu’aux groupes et aux réceptions.

La gestion du Liechtenstein Museum et des collections princières a été divisée. Erich Urban dirige le Palais Liechtenstein, la société qui gère les deux musées, tandis que Johann Kräftner, ancien directeur du Liechtenstein Museum, reste à la tête des collections princières dont la majorité des pièces sont à Vienne – le reste est conservé dans le château privé du Prince à Vaduz, au Liechtenstein. Une exposition de 140 œuvres doit partir pour le Japon en octobre 2012, et la fermeture du musée pourrait raviver le projet d’exposition à la Royal Academy de Londres, initialement prévu en 2010. Et les acquisitions vont encore bon train : en 2010, le prince a déboursé 10 millions d’euros pour un relief sculpté de Pierino da Vinci.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Le Liechtenstein à l’économie

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